Il y a lieu de signaler, dès à présent, que ce colloque a été le théâtre d'un geste très important : la famille de Abdelhamid Benzine a saisi cette occasion pour remettre une peinture signée par M'hamed Issiakhem au musée des Arts modernes d'Alger. Des communications de haut niveau ont été présentées durant la journée de mercredi par des universitaires spécialisés dans les sciences de l'information et de la communication. Belkacem Mostefaoui a traité dans un liminaire de l'opportunité d'un colloque sur Alger républicain au tournant des années 1989-1994. Les communications de Zoubir Chaouch-Ramdane, Belkacem Ahcène Djaballah et Kamel Sadou ont, pour leur part, constitué la trame essentielle du colloque. M. Chaouche-Ramdane s'est penché sur le quotidien « d'avant l'indépendance (1938-1962) ». M. Ahcène Djaballah a rappelé ce que fut « Alger républicain dans le paysage médiatique national après l'indépendance » et enfin M. Sadou a expliqué a travers ce qu'il a appelé « La fidélité et le changement » les tenants et les aboutissants de l'existence puis de la disparition d'Alger républicain comme quotidien. Les intervenants ont donc remonté le temps pour rappeler comment a été créé ce quotidien prestigieux en 1938, quels défis ont été contraints de relever ses créateurs et ceux qui l'ont fait durant ces dernières 70 années. Alger républicain a traversé de nombreuses difficultés financières et matérielles. Mais, surtout en tant que voix des humbles et en général du petit peuple, en d'autres termes, les sans-voix, (la presse à grand tirage étant aux mains des gros colons), il a été la cible politique des pouvoirs qui ont toujours vu en lui l'empêcheur de tourner en rond. Il s'est donc parfois éclipsé de la scène, nombreux sont ses numéros qui sont allés au pilon, et surtout, punition ultime, il a été interdit pour de longues périodes une première fois en 1955 et une deuxième fois en 1965 dans la foulée du coup d'Etat. La dernière communication a été donnée par Zoheir Bessa, l'actuel directeur d'Alger républicain, qui a parlé de ce que devint le journal depuis 1994. Il y a lieu de rappeler que la réapparition d'Alger républicain a été pilotée en 1989 par le célèbre Abdelhamid Benzine qui fut l'un de ses journalistes au début des années 1950 et l'un de ses responsable au début des années 1960. Il en fut le premier directeur à sa réapparition en 1989. Le jeudi 5 mars, les participants ont eu droit à des témoignages pleins d'émotions faits par ceux, particulièrement Noreddine Abdelmoumen et Saïd Abtout, qui ont travaillé dans les différentes équipes de cette publication qui a eu ses jours de gloire. Concernant les années, le témoignage de la journaliste Samia Khorsi a été suivi avec beaucoup d'attention. Comme signalé au début de cet article, le geste fait par la famille Benzine n'est pas passé inaperçu. Lors des derniers moments de sa vie, Abdelhamid Benzine a fait don au musée d'une œuvre impressionnante, un cadeau que lui avait fait Issiakhem, réalisée probablement en 1978. Il s'agit d'une huile sur contreplaqué représentant une femme à l'allure jeune, en habit algérien traditionnel. L'œuvre se présente sous des dimensions appréciables : 1,34m sur 1,10m. En remerciant à titre posthume, M. Benzine et sa famille qui n'a eu de cesse de faire des efforts pour exaucer les dernières volontés du défunt, Mohamed Djehich a expliqué devant l'auditoire que le musée des Arts modernes vient de faire une acquisition qui enrichira sa collection d'une œuvre majeure. C'est également en marge du colloque que fut officiellement créée l'association Les Amis de Abdelhamid Benzine qui, entre autres, se fixe pour objectif de promouvoir les idées et les idéaux pour lesquels a combattu cet homme d'une immense dimension humaniste.