L'agréable vision de ces créatures angéliques au niveau de certains commerces fait désormais partie des choses courantes, surtout dans les grands centres urbains de la wilaya. Dans les contrées en milieu rural, là où le conservatisme et l'observance rigoureuse des valeurs sociales et religieuses ne sont pas un vain concept, on ne déroge pas non plus à la règle, car le phénomène, quoique homéopathique, commence à y faire son apparition. Les préposées à ces tâches, qui ne relèvent plus du seul ressort du sexe opposé sont, dans la plupart des cas, des jeunes filles très présentables, d'un look attractif et d'une amabilité et gentillesse saisissantes. C'est un secret de polichinelle que de dire que le recours à la gent féminine dans ce genre de commerce est fondé, avant tout, sur des critères stricts qui obéissent nécessairement à des paramètres de rentabilité commerciale et de bonne conduite des affaires. Voir des miss resplendissantes officiant dans des salons de coiffure, des magasins de produits cosmétiques ou au niveau d'agences de voyage, n'a rien d'hérétique. Mais, en rencontrer des dizaines travaillant comme gérantes, serveuses, caissières, ou encore vendeuses dans les supermarchés, les grandes surfaces, les taxiphones, les superettes, les fast-foods et les librairies, c'est là l'expression d'une société en pleine métamorphose. Preuve en est que ce tout nouveau phénomène de société ne figurait pas, il y a à peine quelques années, dans le lexique des us et coutumes locales. Un tabou de plus qui tombe dans une wilaya réputée être « très à cheval » sur les moeurs et les traditions. Maigres opportunités et salaires dérisoires Nadjla, les vingt-cinq printemps à peine entamés, avoue « ne nourrir aucun complexe à aider sa famille, dont le seul revenu provient de la modeste pension du père retraité ». « Avec une licence en droit, je n'ai pu, pour l'instant, dégoter un emploi stable. Je travaille comme vendeuse dans un magasin de produits de beauté moyennant 8 000 DA/mois et je ne me plains pas », a-t-elle enchaîné. Karima n'en démord pas non plus, elle qui est employée en qualité de guichetière dans une grande surface contre un salaire de 6 000 DA. Questionnées sur leur situation professionnelle et les émoluments mensuels qu'elles perçoivent, 5 « nanas » (sur une dizaine) officiant dans des taxiphones, ont répondu que le pécule de fin de mois n'est pas fameux, voire dérisoire, mais qu'elles acceptent cet état de fait en l'absence d'opportunités autrement plus rémunératrices, en dépit des brimades et des provocations récurrentes qu'elles essuient de la part de quelques énergumènes malintentionnés, alors que l'autre moitié n'a pas daigné donner de réponse. De nombreuses filles exerçant dans des cybercafés vont dans le même raisonnement, qualifiant, pour la plupart, leur revenu mensuel de « salaire de misère ». Triée sur le volet, obligation de miroiter un look séduisant oblige, afin d'amadouer la clientèle, la totalité de ces employées travaillent au noir et ne disposent d'aucune protection sociale. Une forme d'exploitation qui fait des ravages au vu et su...de tous !