Jeudi matin, à quelques minutes de l'ouverture au public, le Palais des expositions des Pins Maritimes baignait dans un mouvement de précipitation. Des garçons en chariots couraient à perdre haleine acheminer les derniers cartons. L'accès de la salle d'exposition est encadré par la police. Le public passe à la fouille et au détecteur de métaux. A l'intérieur, et dès les premières heures, l'animation s'apparente à celle d'un souk populaire. On se marche sur les pieds dans les allées trop étroites. La présence des éditeurs arabes, concentrés au pavillon central, est hétéroclite. Mais c'est le beau livre religieux qui est au centre de l'offre. Le 10e Sila a connu une affluence record des maisons égyptiennes, émirati, saoudiennes et libanaises, relèvent les organisateurs. «Ceux qu'on voit avec des cartons sont venus faire du commerce», indique un employé de l'Agence gouvernementale d'édition et de publicité (Anep), principal promoteur du Sila, dont une des missions est de promouvoir l'édition du livre.Le nombre de titres qu'une maison d'édition peut présenter au salon n'est pas limité. Le nombre d'exemplaires, par contre, est fixé à cinquante par titre. Ce chiffre est ignoré par les participants. Les organisateurs du salon aussi. Si bien que l'on assiste à un véritable salon parallèle, loin des déclarations des organisateurs. Les jurisconsultes Ibn Taïmia et Ibn Kathir sont dans le collimateur des commissions de surveillance du ministère des Affaires religieuses. Au même moment et au stand de l'Anep, le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale est distribué gracieusement, ainsi que le numéro spécial référendum de la revue Archives d'Algérie. Au stand de la Fondation nationale pour la promotion de la santé (Forem) une sculpture pour la paix est exposée. Les maisons d'édition algériennes ont été dispersées entre le pavillon central et celui, annexe, qui accueille la participation occidentale. Le prix du livre y reste prohibitif. C'est là, dans un environnement relativement aseptisé, loin des foisonnement pieux, que se produisent les rencontres et conférences au menu du programme d'animation. «La littérature algérienne dans les années 2000» est le titre d'une conférence qui s'est tenue dans l'après-midi de jeudi, animée par Rachid Mokhtari, le directeur général de la Bibliothèque national d'Algérie (BNA), le député et secrétaire général de l'Union des écrivains algériens, Azzedine Mihoubi, ainsi que des auteurs, tels Najia Abeer, Slimane Aït Sidhoum et Djamel Mati. Dans la matinée, Eduardo Calvo, directeur de l'Institut espagnol Cerventès, accompagné de l'écrivain Antonio Cavanillas de Blas, a présenté Histoire du captif et Le prisonnier d'Alger relatant les années de captivité de Cervantès à Alger. Contrairement aux assurances du directeur général de l'Anep, Ahmed Boucenna, sur le déroulement de la manifestation à l'approche de la date du référendum, le Sila fermera ses portes mardi 27 septembre. «Les éditeurs étrangers seront remboursés pour les journées où ils n'exposeront pas», s'empresse-t-on de rassurer du côté de l'Anep. En contrepartie, le salon restera ouvert en soirée jusqu'à 22h.