Toc, toc, toc… Non, ce n'est pas papa qui rentre le soir du boulot. En fait, nous espérons toujours que tu rentres à la maison… Que tu viennes manger avec nous pendant le repas du Ramadhan, qu'on te souhaite Saha aïdek à ton retour de la mosquée et non pas au cimetière ; que tu rentres avec un mouton pour fêter l'Aïd avec ta femme et tes filles ; que tu nous emmènes faire du footing et du tennis le vendredi ; qu'on parte à Beni Fergane chaque année ; que tu nous chantes de temps en temps Ya lil d'Oum Kelthoum. Ou encore féliciter tes filles pour leur bac, en mettant ta main sur leurs épaules et leur dire : «Baraka Allah fik.» Nous t'avons toujours attendu et nous l'avons espéré pendant douze ans, et jusqu'à aujourd'hui nous n'arrivons pas à faire le deuil. Peut-on espérer que tu viennes pour le bac de Farah ? Pour la soutenance de Salima ? Ou encore pour l'obtention de mon diplôme ? Malgré tout, on essaye chaque jour que Dieu fait de tout faire pour que tu sois fier de tes trois roses. Mais celle dont tu dois être le plus fière, c'est maman ; «Elle a du faire toutes les guerres pour être si forte aujourd'hui.» Sans oublier tes amis, tes proches qui sont restés fidèles… Et c'est un peu grâce à eux qu'on a pu être ce qu'on est aujourd'hui. Papa, sache que c'est ton manque, ton absence, ta disparition qui nous font avancer chaque jour. On dit que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir… Alors, peut-on espérer qu'un jour tu… ? Bila Abada