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Victime du terrorisme d'Etat
Publié dans El Watan le 19 - 10 - 2005

Un crime d'Etat à l'encontre d'un héros de l'histoire contemporaine de l'Algérie, commandité par le pouvoir et exécuté par des agents de service, indifférents à l'illégalité des missions qui leur sont confiées sous la stupeur d'une opinion publique tétanisée et le silence des nations dites civilisées. Ce «faux pas», commis dans le contexte de l'Algérie du conseil de la révolution pour le redressement national, représente le symbole de l'élimination physique des opposants par un régime érigeant la répression en système de gouvernement.
Il est également le symbole de l'usage de la raison d'Etat pour couvrir les auteurs du crime et faire obstacle à la manifestation de la vérité, établir les responsabilités et désigner les coupables. Un crime ne saurait être couvert par une autorité quelconque. Un crime a des auteurs et des complices, de même que l'on rend compte d'un crime à la justice et non à un service.
LA VERITE EMPÊCHEE
2005, l'an I de la réconciliation nationale avec le passé et le présent, ne peut-on voir et savoir plus sur cet événement tragique qui, à l'exception de quelques rares écrits ou déclarations timides et isolées, n'a guère bénéficié d'une mise en œuvre historienne comme c'est le cas pour d'autres crimes politiques ? Y compris les intellectuels et historiens étrangers, notamment français, qui ne se sont jamais hasardés à aller plus loin que «Krim fut découvert étranglé dans une chambre d'hôtel à Francfort !» Plus surprenant encore lorsque sa biographie est évoquée.
Elle débute le 14 décembre alors qu'il est né le 15 décembre et s'arrête avec la crise de l'été 1962 pour reprendre ensuite le 20 octobre 1970, date de la découverte de son corps.
De 1962 à 1970, le combat qu'il a mené contre le pouvoir personnel, l'arbitraire, la dictature du parti unique, pour la démocratie est totalement occulté.
KRIM CONDAMNE À MORT
Certes, dans ces sorties médiatiques à propos de l'assassinat de Krim, Hocine Aït Ahmed désigne un certain H. Aït Mesbah comme le présumé responsable du crime, mais il n'en demeure pas moins que la réalité est beaucoup plus complexe que ce simple raccourci. En effet, il faut remonter en avril 1969, où à la suite d'une parodie de justice, les juges de la Cour révolutionnaire d'Oran ont condamné à mort Krim Belkacem au mépris de la justice et de la vérité, sur de faux documents, de faux témoignages et des témoins fabriqués. C'est de là qu'il faut partir, d'abord de ceux qui ont organisé la sentence de mort, juges et jurés dont les consciences conjuguées ont abouti à la légitimation juridique d'un assassinat et dans un excès de zèle voire de soumission au souverain du moment le défunt Houari Boumediène.
Ils sont allés, à travers la presse, lancer un véritable appel au meurtre en demandant à tout Algérien d'être l'auxiliaire de la justice en exécutant la sentence en tout lieu et en tout moment ; fetwa dont s'est inspiré Khomeyni quelques années plus tard. Après cette condamnation et cet appel, la chasse à l'homme pouvait commencer. L'ordre donné, chacun (services officiels et parallèles) de son côté utilisa ses propres ressources, ses propres relais pour prendre contact avec Krim, ce qui explique le flou existant pour déterminer avec exactitude la partie responsable du crime.
KRIM INQUIET
Il est certain que sans toute cette armada de personnes qui ont fini par faire douter Krim des réelles intentions du régime, celui-ci ne serait pas tombé dans le piège qui lui était tendu. Lui qui était toujours sur ses gardes et en mouvement. Lorsque le 10 octobre 1970 à Lausanne un coup de téléphone lui donna rendez-vous à Francfort, il confia à un ami qui est venu le chercher pour le conduire à Cointrin : «Je dois me rendre à un rendez-vous mais cela m'ennuie beaucoup !» Comment ne pouvait-il pas être inquiet lui qui savait que des dizaines de militants de son parti, le MDRA, étaient dans les geôles du régime et qu'il avait la responsabilité et le devoir d'alléger leurs souffrances en prenant langue avec le pouvoir au risque de sa vie.
LA FRANCE LUI REFUSE LE DROIT D'ENTREE
Comment ne pouvait-il pas être inquiet lui qui avait demandé auparavant à ses interlocuteurs de les rencontrer en France et que la France lui avait refusé le droit d'entrer alors que le visa n'existait pas encore ! La France savait-elle quelque chose ? La lettre qu'a adressée M. Buron au président Georges Pompidou lui demandant des explications sur le refus du droit d'entrer à Krim Belkacem est édifiante et rend compte d'une certaine complicité passive de la France dans l'affaire Krim Belkacem. Il est vrai que la France de de Gaule avait déjà sur le dos l'affaire Benbarka où sa complicité active avec le régime de Hassan
II ne souffre d'aucune contestation.
LES AUTORITES ALLEMANDES SAVAIENT
Que dire également des autorités et de la police allemande qui ont laissé faire, eux qui étaient certainement au courant de ce qui attendait Krim Belkacem, puisqu'à sa descente d'avion, la police lui a proposé sa protection.
Pourquoi la police allemande qui connaissait l'identité des assassins ne les a pas arrêtés ? La non-intervention des autorités allemandes pour empêcher le meurtre est un acte de complicité active. Donc condamnable.Ainsi, l'assassinat de Krim n'a été possible que grâce à la conjonction de plusieurs services, certains actifs d'autres passifs et la collaboration de plusieurs personnes parmi les plus insoupçonnables. Comme pour la tragédie nationale le jour où la vérité, toute la vérité sera dite sur l'affaire Krim, bien des mythes s'écrouleront. Car il y a des vérités qui feront sûrement osciller le sismographe de la conscience nationale et créer un véritable malaise chez beaucoup de ceux qui se sont fait une notoriété sur le dos de Krim Belkacem.
Mardi 18 octobre 2005, comme chaque année, c'est avec beaucoup d'émotion que nous nous retrouvons à ce rendez-vous avec la mémoire et la vérité empêchée.
Dans cette commémoration l'Etat, les pouvoirs publics, le ministère des Moudjahidine, l'organisation des moudjahidine ont toujours été totalement absents dénotant par là l'impression du malaise de l'Etat et de ses relais devant cette affaire.
La charte pour la réconciliation nationale restera insuffisante pour ramener la paix si elle ne prend pas en compte ce passé, car la problématique à solutionner n'est pas comment faire oublier le passé mais comment tirer d'un tel passé un avenir ? La réconciliation nationale avec le passé ne saurait s'accommoder des tentatives de mainmise politique sur l'histoire que déjà comme par le passé les «blanchisseurs de l'histoire» s'attellent à nous préparer. L'histoire de notre pays, à défaut de la justice, sera-t-elle un jour capable de trancher le sort de ceux qui n'ont fait que trancher les têtes ? Sinon la réconciliation et la paix recherchées ne serait que la tranquillité de l'ordre établi et non de la société.
LA REHABILITATION PASSE PAR LE DEJUGEMENT DE LA COUR REVOLUTIONNAIRE
Enfin, la réconciliation nationale passe inexorablement par la réhabilitation de tous ceux qui ont été injustement condamnés, exécutés, bannis par le système. Pour Krim Belkacem, cette réhabilitation passe par le déjugement de la cour révolutionnaire. La reconnaissance de son innocence, la reconnaissance de la responsabilité du pouvoir et non par donner son nom à un aéroport ou à une rue.
(*) L'auteur est membre fondateur du MDRA.


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