Des dangers à ciel ouvert qui s'éternisent et perdurent au gré de la rotation des élus et autres responsables qui persistent dans leurs errements et leur fâcheuse propension à privilégier le factice aux dépens du fondamental. Domiciliée presque à équidistance dans la périphérie de Chelghoum Laïd et de l'annexe administrative dénommée Boukarana, la décharge publique n'en finit pas d'arroser et d'asphyxier depuis plus de deux décennies les riverains, les noyant dans les relents nocifs de fumée dégagée par l'incinération de tonnes d'ordures ménagères et industrielles. Et comme il est scientifiquement établi que les pics de pollution sont responsables d'hospitalisation, d'aggravation de l'asthme et de l'augmentation de la mortalité, l'on ressent quelques inquiétudes concernant les périls auxquels sont exposés les citoyens. Des sources médicales fiables affirment que l'asthme, qui est une maladie multifactorielle, fait l'objet d'intenses recherches chez des pays réputés développés comme les USA et la France. Au pays de l'oncle Sam, certes hyperindustrialisé, près de 16 millions d'asthmatiques ont été recensés en 1994. Un autre groupe de chercheurs de l'OMS, le National Hurt and Blood Institute (NHBI), estime à 160 millions d'asthmatiques dans le monde en 1995 et à 200 millions en 2000. Quant au Boston Consulting Group, il a, à travers une étude faite sur l'asthme en France, révélé que le coût de la maladie a atteint 6,9 milliards de francs, rien que pour l'année 1990. Chez nous hélas, l'on est, selon une étude faite à Alger en 1990, à une prévalence de l'ordre de 3 à 5%. Ainsi, le redoutable fléau de la pollution, qui développe en plus de l'asthme les broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO), est banalisé à en mourir. A en croire des diagnostics médicaux avérés, les sources de pollution ou, «polluants incriminés», sont le NO2, le SO2 (dioxyde), l'acide sulfurique, le monoxyde d'azote (NO), l'ozone, le plomb, les particules, les poussières sédimentables et le chlorure. Ce qui laisse supposer qu'un maelstrom de dangers plane au-dessus de la population, en raison des émanations toxiques et non moins corrosives, induites par l'industrie des produits chimiques qui se développe dans la région. Le déversement sauvage de près de 27 tonnes d'ordures/jour (estimation de l'APC faite en 2000) de déchets domestiques à l'air libre sans aucune étude d'impact, ainsi que la densité des écrans de fumée qui plombent l'atmosphère, sont tout autant de facteurs polluants dont on ne semble pas en mesurer les retombées dramatique Le transit monstrueux sur le tronçon de la RN5 en plein centre-ville, qui enregistre le passage de 18 000 à 20 000 véhicules/jour (tous types d'engins confondus) en dit long sur l'ampleur des nuisances qui guettent la santé des citadins. Il faut souligner à cet effet que le transfert de la pollution industrielle vers la population urbaine est du à la promotion abusive des véhicules diesel très polluants. Et pour clore le chapitre noir d'une ville qui a perdu presque tous ses repères, alors qu'elle était jadis un véritable bol d'oxygène et un refuge pour les asthmatiques, il nous parait pertinent de noter que selon l'avis de quelques spécialistes interrogés, 80% des consultations médicales sollicitées sont liées à l'asthme et aux affections pulmonaires. Le ver est bel et bien dans le fruit !