Tout ou presque s'y vend. Du roman écorné de Guy Des Cars ou de Djaout à la motocyclette, en passant par les fruits et légumes, les vêtements, l'électroménager, etc. Ce marché, pour la petite histoire, commençait à s'agrandir petit à petit vers le début des années 1990, pour prendre sa dimension actuelle. Il est géré par un adjudicataire, à qui l'APC le loue 25 millions de dinars l'année. Que fait l'APC de cette somme ? «Elle est consacrée au traitement des emplois des différents services communaux. Ce n'est d'ailleurs pas suffisant, nous sommes obligés de puiser du budget de la commune pour y faire face», explique le chargé de la gestion des affaires de la commune de Tazmalt. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce marché bénéficie de travaux d'entretien de la part des services municipaux. Ainsi sont pris en charge l'électricité, l'hygiène (ramassage des ordures) et le gardiennage nocturne. Les droits de place et de stationnement qui reviennent de droit à l'adjudicataire diffèrent selon l'aire occupée. Selon le cahier des charges, la borne va de 50 à 2000 DA la place. Le marché de Tazmalt est scindé en plusieurs parties. Les plus importantes sont celles occupées par le marché des légumes et fruits, des vêtements (produits locaux, ceux de l'importation et la friperie), du bétail, de l'électroménager et du gros (produits alimentaires et la confiseries). D'autres aires, plus restreintes, abritent les marchés de l'ameublement, pièces détachées, vélos et motocyclettes, pour ne citer que ceux-ci. Au marché du bétail, on ne se bouscule pas au portillon : il n'y a pas de raison, puisque l'Aïd El Adha est encore loin. Un petit échange avec les commerçants nous donne une idée des prix de l'agneau et du mouton qui sont, respectivement, de 9000 DA et 13 000 DA. Et si on était à quelques jours de l'Aïd El Kébir ? «Le prix de l'agneau serait de 12 000 DA ou 13 000 DA, si ce n'est plus», répondra un jeune éleveur. «Le mouton dépasserait la barre des 20 000 DA», rétorquera un autre. Côté aliment, les bêtes ne sont pas gâtées. L'orge coûte 250 DA le double décalitre et les fèves, un peu plus. Affluence féminine A la création du marché, au début des années 1990, il était encore inimaginable qu'une femme se hasarde dans le souk, aujourd'hui, elles se comptent par dizaines. Elles s'enquièrent de tout ce qui est étalé. Mercredi, premier jour de marché, enregistre une présence féminine record et cela fait de plus en plus d'émules. «Rhumatismes, diabète, hypertension artérielle, calculs rénaux… j'ai là les remèdes à tous vos problèmes de santé. Venez essayer», crie un herboriste dans son microphone, dont les fils pendent négligemment à son cou. «Tous les sortilèges vous seront épargnés. Vous retrouverez la paix, donnez-moi 200 DA contre le bonheur…», s'égosille, à quelques mètres plus loin, une femme qui prétend être marocaine et guérisseuse ayant fait ses preuves ailleurs. On continue malheureusement à écornifler sous l'ombre de l'illégalité et du laisser-aller des autorités nonobstant le danger que certaines de ces personnes représentent avec leurs potions «magiques» sur la santé des citoyens que le dénuement pousse vers elles. Dans un autre coin, un autre crie à qui veut l'entendre qu'il peut faire effriter un calcul rénal de la taille d'une cerise rien que par le moyen d'une herbe. Ag Mastan et les autres Le marché du téléphone portable, improvisé depuis l'année dernière seulement, prend de plus en plus de l'importance et de l'espace à l'entrée ouest du souk, au point où il est difficile de se frayer un chemin. Les jeunes vendeurs proposent des portables (neufs et d'occasion) de toutes marques. Certains en ont fait leur métier. Une activité lucrative et à moindre frais. Pour ne point se résigner au chômage, on trouve toutes les parades. A quelques encablures de là, des CD audio et vidéo sont proposés à des prix défiant toute concurrence. Même les immigrés s'y approvisionnent. Les CD proposés se vendent entre 60 et 130 DA. Ce sont bien évidemment des productions piratées qui portent préjudices surtout aux artistes. Ils sont de nationalités malienne, nigérienne et nigériane. Ces Africains subsahariens étalent à même le sol leurs marchandises exotiques constituées, entre autres, de bâtonnets de siwak, d'amulettes, d'applications (pommades) à base de graisses d'autruche, de colliers et bracelets aux motifs africains et aux couleurs chatoyantes, de poudres et des «aphrodisiaques». AG Mastan, un jeune Nigérien, satisfait tout de même de ses conditions de vie, fait tous les marchés et vit tranquille, reconnaît-il. Régulier ou pas ? «Je suis dans une situation régulière, j'ai un visa que je renouvelle. Je passe ici 2 à 3 mois et je rentre chez moi, et puis je reviens». Il parle trois langues : le français, le kabyle et l'arabe, en plus de son parler natal le hawès. Un atout non négligeable côté commerce.