Photo : M. Hacène Par Algérie presse service Chaleur insupportable, poussière suffocante mêlée aux fumées de grillades et aux odeurs des animaux, le marché hebdomadaire de bétail de Boufarik accueille ainsi ses visiteurs, à la veille du Ramadhan, venus faire des affaires et déguster des grillades «low cost». Huit heures trente du matin, l'activité bat son plein dans ce marché ouvert les lundis, situé à la sortie sud de la ville des Oranges où maquignons, commerçants et simples citoyens négocient les prix de la viande, mais surtout de bovins, d'ovins et des aliments du bétail, généralement des fourrages. Les prix sont élevés, comme la température dans ce marché à la veille du mois de Ramadhan. C'est grosso modo la première chose qui frappe le visiteur de ce marché, qui fait deux fois la superficie d'un terrain de football et dans lequel pas moins d'une centaine de véhicules entre camionnettes «made in China» et autres 404 et 504 bâchées proposent leurs marchandises.«Un mouton se négocie à partir de 1 000 DA le kg sur pied. Pour un mouton bien en chair (environ 20 kg) vous devriez débourser au moins 30 000 DA», affirme Farid, marchand de bétail, la quarantaine bien entamée. Pour ce qui est du bovin, son prix oscille entre 700 et 900 DA le kilo. Un petit veau d'un poids moyen est cédé à quelque 80 000 DA. La hausse des cours des aliments de bétail est, comme d'habitude, avancée pour essayer de justifier ce renchérissement des prix du bétail. «Les dernières pluies enregistrées fin mai et début juin ont détruit les pâturages, ce qui a fait grimper le prix des fourrages sur le marché», a-t-il expliqué en nettoyant ses lunettes, le dos collé à son véhicule, chargé de foin.L'Algérie compte actuellement près de 22,5 millions de têtes d'ovins et environ 1,5 million de têtes bovines. Le marché hebdomadaire de bétail de Boufarik est, avec celui de Sidi Aïssa, dans la wilaya de M'sila, le plus important du genre dans la région centre. Plusieurs milliers de têtes de bétail changent de propriétaire chaque semaine pour des dizaines de millions de dinars au niveau de ce carrefour commercial qui bat le rappel de tous les négociants de la région centre du pays, et même du littoral de la région de Chlef. Tripes, gras-double et méchoui en plein air Un peu plus loin des enclos à bétail, se dresse un hangar de fortune avec une vingtaine de tables occupées par des bouchers, qui proposent viandes et triperies à des prix «imbattables».Vers 11h30, l'affluence commence à diminuer, alors que les vendeurs, pressés de liquider leurs marchandises, réduisent leurs prix pour tenter d'attirer le peu de badauds et flâneurs, mais également ceux à la recherche d'une bonne affaire, qui résistent encore à la chaleur et la poussière de l'endroit. Idir, jeune vendeur venu de Draa El Mizane, dans la wilaya de Tizi Ouzou, propose à un client de lui vendre un beau morceau d'épaule d'agneau à 600 DA le kg. «Vous ne trouverez pas un tel prix ailleurs», a-t-il assuré, évoquant les qualités nutritionnelles de cette partie de la bête, dite «noble». Juste à côté, Abdelkader de Beni Slimane, dans la wilaya de Médéa, la cinquantaine, entouré d'une quinzaine de clients découpe un gros «gigot» de veau en épaisses tranches pour 850 DA le kg, alors que son frère cadet met sur la balance un bout de gras double. «2,7 kg, prends le pour 150 DA», lance-t-il à un acheteur qui, après hésitation, décide d'accepter l'offre, d'autant que le kg de gras double se négocie à 80 DA ailleurs.Sollicité pour expliquer la différence de prix de la viande entre celui dit «sur pied» (animal vivant) et par «parties» d'un veau ou d'un mouton dans le même marché, Abdelkader précise que la viande vendue par les bouchers provient de leur cheptel, et qu'il n'y a pas eu d'intermédiaires dans la chaîne de commercialisation à l'inverse des animaux vendus sur pied, juste à côté.Le marché de bétail de Boufarik, qui se métamorphose les jeudis en une vocation tout à fait différente à savoir la vente et l'achat de véhicules, pièces de rechanges et accessoires, offre à ses visiteurs, notamment ceux venus d'horizons lointains, l'occasion d'acheter d'autres produits ou articles que la viande sans avoir à se déplacer vers le centre de la ville.Outre les spécialistes des grillades dont les étals de fortune séparent cet espace du marché de gros de fruits et légumes, et qui proposent des grillades de foie et des côtelettes à des prix «du marché», plusieurs tables de vêtements, d'articles de cuisines, de produits électroménagers ou encore de cosmétiques jonchent les espaces de ce marché aux mille et une saveurs.