Mohamed Cherif Belkessam, directeur général de l'Ecole supérieure de gestion (ESG), a brossé un tableau peu reluisant de qualité de la formation prodiguée aux diplômés de l'université et centres de formation professionnelle. « Si aujourd'hui nous en sommes arrivés là, c'est en raison des conséquences des incohérences des politiques menées jusque-là dans les trois secteurs », a-t-il déploré hier lors d'une conférence-débat animée au Forum d'El Moudjahid, consacrée à la question des ressources humaines en Algérie. Selon lui, il y a une « raréfaction des compétences dans notre pays », en dépit des bataillons de jeunes diplômés issus des universités et des centres de formation professionnelle. « C'est dangereux (…) Les trois secteurs concernés – éducation, formation professionnelle et enseignement supérieur – doivent assumer leurs responsabilités, si l'on ne veut pas que la situation s'aggrave », a-t-il fait savoir. Abordant l'activité des écoles privées, le DG de l'ESG trouve « illogique » que ces écoles « soient soumises au même régime fiscal que celui des commerçants ». Soutenant que « cela doit changer », il a appelé les pouvoirs publics à prendre des mesures incitatives pour encourager les opérateurs agissant dans le secteur. « Il ne suffit pas d'être seulement animé de bonne volonté ; il faut mettre en place des mesures concrètes », a-t-il plaidé, soulignant que « le peu de personnes qui ont l'audace de s'investir dans ce créneau (les écoles privées) sont traitées comme de vulgaires commerçants ». M. Belkessam n'a pas raté l'occasion pour dénoncer ce qu'il qualifie de « phénomène de surenchère de certains organismes semblables à des chasseurs de têtes ». Une pratique qui, selon lui, est l'origine de la « création d'un climat d'instabilité au sein des entreprises ». Même son de cloche chez un responsable d'une école privée. Ce dernier s'est montré étonné « face aux milliers de diplômés sortant des universités et autres écoles de formation, sans avoir les compétences nécessaires ». Autre point soulevé : l'inapplicabilité des textes de lois. « Il n'y a pas de réglementation pour faire son stage dans telle ou telle entreprise », a-t-il regretté. Et de résumer tout le mal qui ronge encore le secteur de la formation en Algérie, estimant que « les pouvoirs publics sont dans une logique administrative au lieu qu'elle soit pédagogique ». M. Hamani, inspecteur général au ministère de la Formation professionnelle, s'est contenté, quant à lui, de défendre la politique de son département. Chiffres à l'appui, il a indiqué que 190 000 diplômés sortent annuellement des centres de formation de la centaine de CFPA existant en Algérie. Il a exhorté les PME à s'ouvrir « pour accueillir les stagiaires et participer à l'effort de sanction du cursus de formation ». Par ailleurs, Sefadj Zineddine, chargé de mission à l'Université de la formation continue (UFC), a mis l'accent sur la nécessité que les entreprises « mettent en œuvre des cahiers des charges pour établir leurs besoins », tout en indiquant que « les entreprises ne doivent pas rester les bras croisés ». Il a aussi plaidé pour que l'Algérie aille vers « la validation des acquis de la formation ».