Anomalie n «Beaucoup de formations ne correspondent plus à la demande du marché du travail. Le niveau de formation n'est pas à la hauteur des exigences des opérateurs économiques.» C'est le constat établi par Mme Fadila Berkal, P-DG de l'Entreprise nationale des systèmes informatiques (Ensi) lors de la table ronde organisée par le centre de presse du quotidien El-Moudjahid le 18 décembre dernier et qui a vu également la participation de Mohamed Cherif Belkhessam, DG de l'Ecole supérieure de gestion (Esg) et de Lounis Khoudja, chef d'entreprise et représentant du patronat. Les intervenants étaient tous de cet avis et ont insisté sur l'écart qui s'élargit entre le profil du diplômé universitaire et le référent professionnel convoité par les entreprises. «L'université algérienne fait de la massification son objectif. Les Chambres universitaires qui hébergeaient 2 étudiants en abritent 8, les amphithéâtres prévus pour 400 étudiants en accueillent 2 000. Et tout cela se fait au détriment de la qualité de l'enseignement», déplore M. Belkhessam. «Si les étudiants formés par l'université ne sont pas recrutés c'est qu'il y a un problème de qualification», fait-il remarquer avant de préciser que le profil formé par l'université ne correspond pas aux référents des entreprises. De l'avis de l'intervenant, malgré les grands moyens mis dans l'enseignement, on n'assure pas suffisamment la qualité des formations technologiques et professionnelles. «Pour chaque ingénieur recruté par une entreprise, celle-ci doit investir dans sa formation pendant 2 ans pour le rendre opérationnel», souligne Mme Berkal. Il manque un examen de l'état des lieux. Le conseil des réformes n'inclut pas les chefs d'entreprises alors qu'ils sont les premiers concernés. «La réforme du système éducatif dans son ensemble et l'implication des chefs d'entreprises, du syndicat, des experts dans tout le processus de formation est indispensable pour trouver des solutions durables au problème. Par ailleurs, il faut revoir la politique de la formation qui est basée sur l'offre et non sur la demande et établir une voie de concertation entre l'entreprise et l'université», lance le DG de l'Esg. Quant à l'enseignement supérieur privé il est juste «toléré et le cadre légal est pratiquement inexistant», dira M. Belkhessam. «Nous sommes victimes d'une logique administrative et non économique. La réglementation nous interdit de proposer des formations en dehors de la nomenclature du secteur. Et nous sommes soumis à un cahier des charges», a-t-il ajouté, ironisant : «Nous avons le même régime fiscal que la salle des fêtes d'en face. L'étudiant qui vient chez nous paye la TVA.» Le secteur de la formation professionnelle n'échappe pas à cette logique, puisque, dira Lounis Khoudja Idris, «il y a un manque réel et important en main-d'œuvre qualifiée», et il fera remarquer qu'il n'y a qu'un seul Centre de formation pour les maçons, alors que l'Algérie est en train d'importer des travailleurs. Les intervenants lors de cette table ronde ont insisté sur la nécessité de réconcilier l'entreprise et l'université et d'inclure les chefs d'entreprises dans le processus de réforme de l'enseignement.