D'aucuns tomberaient d'accord sans doute sur le fait que la wilaya de Djelfa, par excellence steppique, occupe sinon le premier rang des régions à vocation pastorale en Algérie, du moins, reconnaîtraient qu'elle figure aux meilleures loges ! Et cela n'est pas fortuit car elle fournit incontestablement la plus importante part du marché national de la viande ovine. La raison est à chercher dans l'histoire ancienne qui démontre que le pastoralisme occupait déjà une place privilégiée dans l'activité humaine chez les peuples qui se sont succédé à ce jour dans cette région du pré Sahara. Ce métier ne cesse actuellement de se développer de manière extraordinaire. Seulement, autrefois, c'était chacun son rayon et, ainsi, toutes les occupations des autochtones qui n'étaient pas encore hiérarchisées en métiers, étaient familièrement héritées et donc strictement respectées. On comptait alors distinctement les patres, les éleveurs, les maquignons et depuis une époque récente, les chevillards et les bouchers. Aujourd'hui, tout s'entremêle et en l'absence d'organisation dans cette filière, la confusion est telle que tout un chacun se voit libre de pratiquer le métier qu'il désire, selon ce qu'il génère comme profit sans grands efforts. Bref, tout un chacun tente de mettre les bouchées doubles, voire quadruples, pour les audacieux ! L'on arrive parfois à associer quatre segments en un ! Pis, usant de débrouillardise, ils prennent en charge même le volet du transport pour la livraison des carcasses de viande jusqu'à destination ! Une situation qui complique sérieusement le contrôle qui voit son champ d'intervention très réduit. Le comble de l'hygiène alimentaire et des règles y afférentes est que les quantités astronomiques de viande qui sont journellement proposées à la consommation des ménages échappent au circuit de contrôle des viandes via l'estampillage. Il y en aurait même ceux qui imitent l'estampille ! Et, faut-il le souligner, la viande clandestine a pignon sur rue en plus au point que son caractère prohibitif a disparu par évanescence ! L'association de défense du consommateur devrait avoir du pain sur la planche ! A titre d'exemple, il y a une vingtaine d'années, on abattait officiellement quelques milliers de bêtes alors que la population était dix fois moins importante. On est aujourd'hui nettement en deçà de ce chiffre ! Conséquence, le phénomène de l'abattage clandestin prend de plus en plus une dimension effrayante et si les cas d'empoisonnement alimentaire ne font pas la statistique la plus importante ici, ceci n'exclut aucunement qu'il n'y en a pas ! Il se trouve seulement que la ville de Djelfa compte aujourd'hui plus de 350 000 habitants, d'où, forcément, ces cas passeraient inaperçus ! Qui osera défier cette catégorie sociale d'origine rurale mais qui a vite et mal appris les réflexes de la vie en milieu urbain ? Dire qu'un abattoir régional résoudrait aisément l'équation !