Un enfant handicapé intervenait dernièrement sur les ondes de la Radio El Bahdja pour lancer un appel de détresse aux autorités, relatif à l'absence d'aménagement de la voirie pour la catégorie d'invalides moteurs, ces laissés-pour-compte qui ont peine à se mouvoir dans la cohue urbaine. L'air froissé, le jeune handicapé moteur s'interrogeait sur l'inaccessibilité des espaces piétons, les trottoirs en l'occurrence. Sur un ton toujours aussi dépité, le jeune garçon ajoutait qu'il a du mal à emprunter en chaise roulante ces parties latérales d'une rue, surélevées dans nombre d'endroits d'une trentaine de centimètres de la chaussée. Un constat qui ne passe pas inaperçu dans notre tissu urbain, tant ce type d'imperfections, qu'affectionnent les entrepreneurs, est légion. Une question récurrente qui ne semble pas outre mesure mettre dans la gêne nos édiles. La vérité est davantage criante, lorsque le quidam monte (au lieu de descendre) sur la chaussée dont le bitume dépasse, comble de l'absurde, la hauteur du trottoir ! Dans la foulée, il ne serait pas malvenu de ma part de lancer un défi à ceux qui me contredisent sur ces malfaçons et aberrations commises dans ces lieux piétons, par ceux ayant la charge d'intervenir dans ce genre d'ouvrages faits à la hâte et sans qu'il soit soumis au contrôle. Sauf dans des lieux huppés de la capitale ou aux abords de certains carrefours fréquentés par la jet-set ou les officiels, les voies piétonnes que l'administré lambda emprunte suscitent, le moins qu'on puisse dire, l'indignation. Crevasses, anfractuosités, boursouflures, revêtement lépreux, sol médiocrement carrelé, nids-de-poule et …d'autruche ornent, depuis des lustres, le décor ambiant de la cité. Et si une entreprise sous-traitante effectue des travaux de réparation de telle ou telle canalisation souterraine, ne soyons pas étonnés que le tronçon éventré ne soit pas remis en l'état. Cela fait aussi partie de notre paysage urbain lugubre et poussiéreux à souhait. Les tripes seront toujours en l'air et les désagréments causés aux riverains ne seront éliminés que lorsqu'un cortège officiel passera dans les parages. En attendant des aménagements sur la voie publique, la pôvre personne à mobilité réduite peut se contenter de célébrer sa journée nationale autour d'un speech accompagné d'un banquet servis par les autorités locales.