Un appel urgent a été lancé en direction des pouvoirs publics pour penser à une véritable politique de protection sociale pour cette frange de la société. La Fédération des handicapés moteurs a organisé mardi dernier, à l'hôtel Soummam de Boumerdès, un séminaire sur « L'accessibilité des lieux publics et aménagements des espaces de vie quotidienne aux personnes handicapées ». La présidente de la fédération, Mme F. El Maâmeri, a profité de la présence du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, pour lancer un appel urgent en direction des pouvoirs publics pour « penser à une véritable politique de protection sociale ». Mme El Maâmeri a déclaré qu'une loi pour les handicapés est une loi pour tout le monde, vu que « les personnes ordinaires ne sont pas à l'abri. En plus de la loi, mettons en place un dispositif de protection sociale, des mécanismes à actionner à chaque fois que le besoin se fait sentir, pour que les personnes handicapées puissent mener une vie ordinaire. » Partant de « la réalité du terrain », elle a estimé qu'il« faut plein de services et un personnel en mesure de s'occuper des personnes souffrant d'un handicap moteur ». Cela, en réponse à Oueld Abbès qui, dans son intervention, a rappelé que « depuis 2002, 17 décrets relatifs à la protection de cette frange ont été émis ». Le ministre a annoncé hier, à partir de Boumerdès, qu'un décret d'application de toutes ces lois vient d'être élaboré, et qu'une commission de suivi de l'application des lois sera installé pour que, désormais, l'on tienne compte des handicapés dans les plans de construction de logements, édifices publics et d'aménagement urbain. La présidente de ladite fédération n'a pas manqué de souligner qu'il est quand même navrant qu'on attende 5 ans après l'émission d'une loi (2002) pour élaborer un décret d'application (2007). Le représentant de Handicap International, Laurent Cabourg, a souligné dans son intervention que « l'Algérie reste un pays modèle en termes d'engagement sur le plan international, à prendre en charge les problèmes des handicapés ». M. Cabourg insiste sur le fait que « l'accessibilité est un droit international ». C'est par l'accessibilité qu'on peut lutter contre les désavantages induits par la déficience et l'incapacité physique dues à l'handicap », a-t-il précisé. Et de dire qu'« il faut distinguer entre l'accessibilité à l'environnement physique (bâtiments et autres), l'accessibilité géographique (voyages, et les facilités qui doivent y être associées, notamment pour l'accès aux moyens et voies de transport) et l'accessibilité à l'information et aux moyens de communications ». Tout cela pour permettre aux handicapés d'accéder aux mêmes chances de développement et d'utiliser équitablement l'espace communautaire ainsi que de limiter la ségrégation et de réaliser les droits sociaux (santé, éducation...) de ces personnes évaluées en Algérie de 1,75 million, selon Ould Abbès. Des intervenants lors des débats ont souligné le fait qu'en Algérie, les handicapés moteurs n'ont même pas droit aux trottoirs, souvent squattés ou inadaptés pour la circulation en fauteuil roulant.