Alors qu'ils étaient en grève de la faim depuis la matinée de dimanche, pour dénoncer leurs conditions socioprofessionnelles déplorables, des journalistes de la radio nationale ont été évacués dans l'après midi, manu-militari de leur lieu de travail, locaux qu'ils occupaient en guise de contestation. Voila une autre corporation qui bien qu'éreintée par la difficulté du métier qu'elle défend, est plongée dans une précarité des plus affligeantes. Voués à défendre le droit à l'information, les journalistes évoluent dans l'instabilité d'un métier, et la peur du lendemain. C'est le cas des sept grévistes qui ont voulu, par ce mouvement de contestation, dénoncer leurs conditions de travail que n'importe qui d'entre nous jugerait inacceptables. Payés au cachet, comme de vulgaires mercenaires, certains depuis plusieurs années, ces «cachetiers» comme on les appelle, ne bénéficient pas des mêmes droits que l'ensemble du personnel de la radio algérienne. «Ni formation, ni droit au congé, ni prêts bancaires, ni accès au logement». Ils sont pourtant des journalistes à part entière et ont assumé toutes les tâches possibles et imaginables dans une rédaction. Dans une précarité terrible, ils ont, et à plusieurs reprises, demandé leur permanisation, mais ils se sont heurtés à un refus catégorique de la part de leur direction. Trop, c'est trop. Aujourd'hui, ils en sont à lancer un ultime cri de détresse en procédant à une grève de la faim pour attirer l'attention des pouvoirs public sur eux. «Petit» élan de solidarité Suite au remue-ménage créé par cette action désespérée des 7 journalistes, les choses ont quelques peu bougé depuis. L'institution concernée est enfin sortie de son mutisme et Farid Toualbi, un de ses responsables, a déclaré avoir transmis au directeur général de la radio les revendications des grévistes qui ne relèvent pas de ses prérogatives à lui. Ce dernier a demandé aux grévistes de patienter, le temps que ce dossier soir traité. Hier, répondant à l'appel des collectifs de journalistes, ils étaient quelque 30 personnes rassemblées devant les locaux de la radio nationale en soutien à leurs collègues. Sous une pluie battante, les rares courageux à avoir fait le déplacement ont tenu à assurer de leur soutien, leurs collègues, et préparent un autre rassemblement, celui-ci, espèrent-il, bien plus fédérateur, samedi prochain. A ce titre, Abdennour Boukhemkhem, secrétaire général de la FNJA et principal orateur de la rencontre, a appelé les journalistes à un travail de fond, notamment sur le dossier des salaires. A noter, enfin, que la section syndicale de la Radio, affiliée à l'UGTA, s'est démarquée de ce mouvement de contestation. Plus vite que la musique, le syndicat a jugé cette grève de la faim désespérée : «non-conforme à la réglementation», coupant au passage l'herbe sous les pieds de la radio nationale.