Un projet de recherche hispano-britannique met en avant trois scénarios des effets du changement climatique sur la Méditerranée au cours des 90 prochaines années. Leurs conclusions, parues dans le Journal of Geophysical Research, montrent que les augmentations des températures seront accompagnées de remontées des niveaux de la mer. Michael Tsimplis, l'auteur principal de l'étude, répond à nos questions. Comment avez-vous élaboré les trois scénarios de votre étude ? Les projections du changement climatique sont basées sur des hypothèses, tributaires de la quantité des gaz à effet de serre émis. Ces derniers dépendants de la démographie (plus nous serons nombreux, plus il y aura de gaz émis), de la nature des sources d'énergie (pétrole ou gaz ou énergies renouvelables), des outils technologiques ainsi que leur transfert vers les pays en voie de développement, et des politiques qu'adapteront les gouvernements face aux retombées du changement climatique. Nous nous sommes basés sur les scénarios développés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Dans le premier scénario, aucun gaz à effet en plus n'est émis dans l'atmosphère. Le deuxième repose sur un développement économique rapide accompagné d'une utilisation rationnelle des ressources fossiles et renouvelables. Le troisième intègre un développement économique rapide et des croissances démographiques larges. Vous annoncez une montée du niveau de la mer en Méditerranée… Le réchauffement climatique aura comme incidence une remontée des niveaux de mer en Méditerranée allant de 3 à 61 cm au maximum au cours des cent prochaines années. Nous supposons que la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique de l'ouest va être compensée par des chutes de neige. Mais le niveau de la mer pourrait augmenter plus que les prédictions de nos modèles, et ce, même si nous arrivons à stabiliser les émissions des gaz à effet de serre car des incidents catastrophiques ne sont pas exclus. Vous soulignez aussi que la salinité de l'eau est plus importante, ce qui entraîne une augmentation de la densité de l'eau qui occupe ainsi moins de place… La Méditerranée perd plus d'eau par évaporation qu'elle n'en gagne par les précipitations et les apports des rivières qui s'y jettent. L'équilibre est assuré par l'apport de l'eau de l'océan Atlantique à travers le détroit de Gibraltar. Mais le système d'échange ne fonctionne pas seulement sur un simple flux dans un seul sens : on note aussi le passage d'une couche saline au fond du détroit vers l'océan Atlantique. De plus, les échanges des masses d'eau et de sel à Gibraltar sont conditionnés par les signaux de marées rapides et les vagues solitaires. Ces processus surviennent très rapidement et les modèles actuels ont du mal à les résoudre dans le temps et dans l'espace. Or le sel est un paramètre important dans la détermination des niveaux de mer.