«L'autre moitié est à l'abandon», fait remarquer la commission. Et de conclure que «l'investissement industriel à Boumerdès souffre des lenteurs dues à la bureaucratie héritée et du manque de bonne foi et de volonté de la part de certains investisseurs qui ont profité de beaucoup de privilèges sans se rendre utiles dans le secteur». Le blocage majeur, reconnaît en outre la commission de l'APW, demeure «la complexe situation du foncier dans notre pays». Cependant, le constat fait ressortir que dans beaucoup de cas cet obstacle est dépassé, l'acte de propriété étant établi et remis au bénéficiaire de l'assiette de terrain, mais l'activité ne décolle pas. Ce qui a amené les membres de ladite commission à chercher les difficultés ailleurs. En effet, à la zone industrielle Khemis El Khechna 1, par exemple, la situation de 18 lots a été totalement assainie, avec la délivrance de tous les actes de propriété. Et à Khemis El Khechna 2, 20 cas sur 21 ont été régularisés, mais trois mines seulement sont en activité dans la première et 6 dans la seconde, indique le rapport de l'APW. A Bordj Menaiel II, sur les 59 lots, 56 ont été régularisés, mais 3 projets seulement sont en activité. Les «raisons» de l'inactivité dans ce cas de figure que l'on retrouve à Ouled Moussa (17 cas sur 28 régularisés avec 5 projets en activité) et à Bordj Menaiel III (16/59 avec trois projets en activité) se trouvent dans les difficultés que rencontrent les investisseurs avec les banques pour le financement de leurs projets, le détournement des terrains de leur destination première, la spéculation foncière, l'inadéquation entre l'activité ou le projet et l'espace réservé, le manque de spécialisation des investisseurs qui par la suite se retrouvent face à d'insurmontables difficultés et l'image des terrains pour des constructions d'habitation ou à usage commercial, selon des cas. Sinon dans la plupart des autres zones industrielles ou d'activités, les investisseurs font face à des problèmes divers. A la ZI de Bordj Menaiel I, seulement 26 actes de propriété sont réalisés pour un total de 91 lots que compte la zone. Et la commission relève que les routes y sont dégradées. A Baghlia, la quasi-totalité des cas n'a pas été assainie (08/13). A Baghlia I, un acte a été délivré pour un ensemble de 56 lots et l'aménagement n'est pas achevé ! D'autres obstacles sont signalés, tel le manque d'éclairage public et d'eau potable, comme c'est le cas à Tidjelabine. A Naciria, l'électricité et le gaz font défaut et les routes sont dégradées. A Dellys, un contentieux juridique a bloqué la délivrance des 101 actes pour tous les lots de la zone qui s'étale sur 20 ha. La même situation à Beni Amrane I. Et à Souk El Had, la zone est totalement à l'arrêt depuis 1991. Le taux d'investisseurs trop faible La commission de l'APW conclut que 70 projets sur un total de 406 à l'échelle de la wilaya sont en activité. Et de souligner que «le taux d'investissement est trop faible». Au problème de l'acte de propriété dont la délivrance est rendue «difficile par la situation du foncier et la bureaucratie», s'ajoutent ainsi les cas de litige et le manque d'aménagement des sites destinés à accueillir des activité industrielles. Les membres de la commission de l'APW relèvent par conséquent d'autres «irrégularités». Ils parlent notamment du «manque de coordination entre les APC et les organismes qui distribuent les lots de terrain». Cela a mené certaines communes à réclamer l'extension des zones situées dans leur territoire malgré certains blocages, disent-ils. Ils vont jusqu'à reprocher à certaines parties de ne pas avoir étudié sérieusement les dossier de certains projets. A Dellys, la zone industrielle est implantée dans une région touristique, ajoutent-ils. Cela les a amenés à recommander la réalisation d'une grande zone industrielle dans la wilaya «afin de pallier la perte de celle de Rouiba». Chose à laquelle l'assemblée a répondu positivement en votant le lancement d'un pôle industriel dans la zone contenue entre Thénia, Souk El Had et Si Mustapha. Bien qu'à vocation agricole et touristique, cela n'empêche pas la wilaya de Boumerdès de se doter d'un secteur industriel puissant, puisque la situation géographique qui la met tout près du port d'Alger, de l'autoroute et de la voie ferrée l'y avantage, s'accordent à dire les élus à l'APW. Cependant, si la commission qui a eu à travailler sur un dossier aussi sensible a relevé «toutes les difficultés» auxquelles fait face l'investissement industriel à Boumerdès, les membres de l'APW ont manqué de vigueur quand il s'est agi de chercher des solutions. Tous mis à part quelque quatre élus qui aux côtés du président de ladite commission, M. Djafar Aït Aïssi, ont voulu «résoudre les problèmes soulevés», notamment celui du foncier afin de permettre l'essor de l'activité industrielle, se sont contentés du constat et du projet d'une «grande zone industrielle» qui risque de faire face aux mêmes obstacles que ces petites poches d'activités dites industrielles éparpillées aux quatre coins de la wilaya.