Le boycott de la prochaine élection présidentielle est un acte révolutionnaire », a déclaré, jeudi dernier, Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS, lors d'une conférence-débat qui a eu lieu à la salle des fêtes de la commune des Ouadhias (Tizi Ouzou). Pour lui, « les autorités ont, cette fois-ci, dépassé toutes les limites en voulant empêcher l'opposition de faire campagne pour le boycott de l'échéance présidentielle. Le FFS n'abdiquera pas et fera campagne à travers l'ensemble du territoire national ». Le numéro 2 du parti de Aït Ahmed a fustigé, à l'occasion, les « manœuvres » visant à crédibiliser le processus électoral. « On ne peut pas parler d'élections en l'absence de conditions de vie minimums », a-t-il martelé. Pour le premier secrétaire national du plus vieux parti de l'opposition en Algérie, il y a déjà des signes de fraude apparents. « Je vous donne l'exemple des étudiants de la daïra des Ouadhias, inscrits sur la liste électorale dans leurs communes respectives ; ils le sont aussi sur un autre fichier au sein de leurs résidences universitaires respectives, c'est-à-dire qu'ils pourraient bien voter par deux fois. » Karim Tabbou ne mâche pas ses mots vis-à-vis des candidats à la prochaine élection présidentielle qui sont, selon lui, complices de « la mascarade » qui se prépare. « En 1999, l'élection de Bouteflika a été mise à nu par le retrait des six candidats en lice ; en 2004, il a cru manipuler le peuple en essayant de fabriquer une pièce théâtrale qui n'a pas marché ; aujourd'hui, il montre toute sa faiblesse en choisissant ses adversaires parmi les plus faibles », a-t-il dit. Pour lui, il est inconcevable de constater que la deuxième candidature validée par le Conseil constitutionnel soit portée par « un radié de la Fonction publique qui brigue le plus important poste de la République ». Abordant la question des harraga, M. Tabbou s'interroge sur le fait que les jeunes Algériens n'ont guère cherché à quitter le pays durant les années de braise, pendant que des villages entiers se faisaient égorger. « Pourquoi cherchent-ils à le faire maintenant ? » M. Tabbou dénonce au passage l'utilisation des mosquées de la République pour servir la campagne électorale, de même que les autres institutions. « Bouteflika a convoqué toutes les institutions étatiques pour annoncer sa candidature ; en guise de récompense, il effacera les dettes des fellahs, non pas ceux de Biskra, mais ceux de Hydra et de Ben Aknoun », a-t-il ajouté. Ce dernier place justement le prochain lancement de deux chaînes de télévision, dont l'une en tamazight, dans la même optique. Le parti de Aït Ahmed mènera, selon son premier secrétaire, une campagne pour le boycott avec les « amis et les partis frères ». Pour lui, le sort de l'élection présidentielle est déjà réglé. « Elle sera boycottée massivement ; personne ne pourra convaincre un peuple désemparé par la crise sociale de l'utilité du vote ; la preuve, le ministre de l'Intérieur a déjà conclu un marché avec une entreprise étrangère pour l'achat de 4000 camions antiémeute, c'est que Zerhouni a conscience de la grogne qui prévaut au sein de la population », a-t-il noté.