Photo : Riad Par Ghada Hamrouche Le Front des forces socialistes (FFS), qui n'a pas été autorisé à mener librement sa campagne de boycott, poursuivra ses activités de proximité auprès de la population jusqu'au jour du scrutin. C'est ce qu'a soutenu, hier, M. Karim Tabbou, premier secrétaire du parti lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège national de sa formation pour marquer l'anniversaire de l'assassinat de son illustre militant feu Ali Mecili. Dressant le bilan des activités menées par le parti de M. Hocine Aït Ahmed contre la participation au scrutin présidentiel du 9 avril, M. Tabbou a dénoncé les intimidations et les entraves administratives qui ont empêché le parti de mener à bien ses rencontres avec les citoyens. L'administration, selon M. Tabbou, a refusé au parti les autorisations de tenir ses meetings, notamment à Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou, Sidi Bel Abbès, Jijel, Oran, Blida, Sétif, Ghardaïa, Boumerdès et Bouira. L'administration, dénoncera-t-il, dont le premier responsable avait promis annoncé la neutralité de ses subordonnés, est allé jusqu'à refuser d'accuser réception des demandes introduites auprès des services concernés.«Aujourd'hui, ironisera-t-il, on nous pousse à revendiquer même les notifications de refus qu'on nous oppose». M. Tabbou dira que son parti, qui a toujours respecté la légalité, n'avait nullement l'ambition de mobiliser les Algériens autour du boycott des élections, mais il a tout simplement fait le choix de suivre le peuple dont il est issu dans cette forme de contestation pacifique. C'est dans cette logique que se sont inscrites les dernières manifestations de rue du parti à Tizi Ouzou, Béjaïa et Ghardaïa. «Nous avons voulu manifester pour briser le mur de la peur qu'on a voulu instaurer le long de cette campagne et pour dire aux Algériens que boycotter le scrutin présidentiel est un vrai acte révolutionnaire». Fidèle à son discours d'opposition au régime en place, la formation frondeuse s'est attelée la mission de constituer son propre centre d'opérations le jour du scrutin. Un centre qui s'articulera autour de 1 030 militants couvrant un échantillon exhaustif de 206 communes réparties à travers 35 wilayas et en mesure de fournir toutes les informations relatives au scrutin en temps réel. Faisant le bilan de la campagne électorale ayant précédé la présidentielle du 9 avril, le premier secrétaire national du FFS, affirmera que sur les 12 000 meetings annoncés par les autorités, seulement 13% d'entre eux ont pu se tenir. Il ne manquera pas, au passage, de qualifier cette campagne comme étant «la plus onéreuse de l'Histoire de l'Algérie indépendante». Une campagne, dira-t-il encore, «où l'argent a coulé à flot et où la mobilisation n'a pu toucher que les différents corps de sécurité». «La démobilisation, lancera-t-il, est une réaction normale dans un pays où le simple citoyen ne peut se permettre une sardine et où la sardine peut se permettre le citoyen». Il ajoutera que cette campagne a mis en évidence le fossé qui s'est creusé entre le pouvoir, ses appareils et ses appendices d'un côté et la société et ses marasmes de l'autre. Le taux de participation qui sera annoncé, dit-il, «reflétera le pourcentage de la peur qui s'est emparée du régime». «C'est une campagne où l'on a fait semblant que tout allait bouger pour garder en fin de compte tout en place». Il dénoncera par la même occasion la généralisation de la violence qui a pris le dessus sur tout autre mode d'expression. «L'autoritarisme a réussi à transférer la violence du champ politique pour la placer au cœur des rapports sociaux», conclut-il.