Ce décret est d'autant plus «salutaire» qu'il fixe comme attributions du wali la réalisation des ralentisseurs sur les voies express, routes nationales et chemins de wilaya. Et il était temps d'y remédier dans une wilaya qui a pâti de l'absence de l'autorité.Qu'ils soient l'œuvre des pouvoirs publics ou des riverains, les ralentisseurs sont de plus en plus décriés et cristallisent la colère des usagers, notamment les transporteurs. Il suffit qu'un commerçant se sente incommodé par le bruit ou la poussière pour qu'il étale à travers la route qui lui est mitoyenne un amas de gravats, de terre ou de béton et le tour est joué : un dos d'âne censé ralentir le trafic près de l'échoppe. Exit les normes de sécurité et la signalisation. Du point de vue des automobilistes, ce procédé est des plus nuisibles. Il n'est pas rare de voir des véhicules subir des graves dégâts pour avoir roulé à toute allure sur un «dos d'âne», ou «dos de chameau», disent les automobilistes. Dans la région de Tizi Rached, il y a quelques mois, des transporteurs de voyageurs ont eu recours à la grève comme ultime voie de contestation pour que les autorités locales daignent éradiquer des ralentisseurs qui ont essaimé le long de la route reliant le chef-lieu communal à la localité de Tala Amara. «Le problème que posent ces dos d'âne est qu'ils ne sont pas faits dans les normes. Leur largeur n'est que de vingt ou trente centimètres et offrent une surface aiguë dommageable pour les voitures», nous confie-t-on. «On oublie souvent de signaler la présence de ces ralentisseurs et rien ne permet de les distinguer de la chaussée, surtout la nuit», s'écrie un automobiliste coutumier de la RN 12. Ce dont conviennent les citoyens, c'est leur utilité. Un épicier installé sur la RN 15, dans la localité de Tamazirt, chef-lieu de la commune d'Irdjen, nous lance : «Le dos d'âne est l'unique manière de faire ralentir des automobilistes inconscients qui traversent à très grande vitesse notre agglomération, et rien qu'en dix ans, six citoyens ont trouvé la mort sur cet axe.» En effet, le long de cette importante route nationale, les citoyens procèdent régulièrement à l'implantation de ralentisseurs en s'aidant de terre ou de béton au gré de leur humeur. Et si cela ne manque pas de contrarier les chauffeurs, cela les pousse aussi à lever le pied aux abords des écoles et villages. «L'hiver dernier, se souvient Tayeb, les engins de l'armée et ceux de nombreuses entreprises privées ont buté, alors qu'ils essayaient de venir à bout de la neige, sur des ralentisseurs que l'APC avait installés le long du chemin communal reliant Iferhounène à Illiltene». «Cet aléa a coûté un surcroît de temps de travail pour l'ouverture des routes», témoigne notre interlocuteur.