L' hypertension artérielle et les dangers liés à la consommation de sel sont les thèmes mis en avant cette année à l'occasion de la Journée mondiale du rein, le 12 mars, célébrée à travers le monde. Les liens sont étroits entre l'hypertension artérielle et l'atteinte rénale, chacune pouvant avoir un impact sur l'autre avec des risques mortels, notent les spécialistes qui insistent une nouvelle fois sur la nécessité de recourir au dépistage des maladies rénales. Ce dépistage consiste en une prise de la pression artérielle, une prise de sang et l'épuration des toxines par les reins. Un dépistage est recommandé une fois par an pour les personnes de plus de quarante ans. L'hypertension, soulignent-ils, peut en effet se compliquer de défaillance de la fonction des reins et, inversement, l'insuffisance rénale sévère peut entraîner une élévation de la pression artérielle. La nécessité d'un plan pour une campagne nationale est aujourd'hui une priorité, selon les praticiens algériens, à l'image du Pr Rayane, président de la Société algérienne de néphrologie, qui a animé une conférence débat à l'occasion de cette journée au forum d'El Moudjahid. Une campagne de dépistage bien conduite permet de réduire de 30% le risque, ou au moins le ralentir, a-t-il signalé. « C'est un tiers de la population algérienne qui est hypertendue. C'est donc un tiers qui peut avoir un problème rénal », a-t-il indiqué. Il faut arriver à une situation où l'on donnera aux personnes malades le choix de leur traitement. Souvent associés, l'hypertension et le diabète représentent entre 35 et 40% des causes d'insuffisance rénale nécessitant le recours à la dialyse et à la greffe, a-t-il souligné. La greffe doit prendre de l'importance, dit-il, évoquant l'encouragement du prélèvement d'organes sur les cadavres. La mise en place d'un programme national de prévention et de traitement de l'insuffisance rénale chronique en Algérie est une priorité, a-t-il réitéré. Il a rappelé que le nombre d'Algériens arrivant au stade de l' insuffisance rénale peut être estimé à 4500 nouveaux cas par an sur une population de 34 millions d'habitants. « La mise en place d'un tel programme de prévention pourrait baisser de 3% l'incidence de cette maladie », ajoute-t-il. Il a plaidé, à cet effet, pour « un diagnostic précoce et une prise en charge rapide avant que la situation ne s'aggrave », indiquant que « le nombre de cas pourrait atteindre les 30 000 d'ici les vingt prochaines années », soulignant que le nombre de malades atteints d'insuffisance rénale chronique en 2008 a atteint les 13 000. Concernant le chiffre attendu pour 2010 (20 000 cas), le président de la SANDT a estimé que « 30% de ces malades nécessiteront une greffe de rein, 55% des séances d'hémodialyse au niveau des cliniques et 10% nécessiteront une dialyse péritonéale ». Concernant le traitement de cette maladie, l'intervenant a précisé qu'un nouveau médicament de deuxième génération, à savoir l'érythropoïèse injectable, sera bientôt disponible sur le marché national. S'agissant du nombre d'insuffisants rénaux ayant bénéficié d'une greffe rénale depuis 1980, date du début des greffes en Algérie, le Pr Rayane a avancé le chiffre de 900 cas, dont 500 en Algérie, précisant que quelque 100 greffes ont été effectuées en 2008. Le Pr Rayane a indiqué aussi que son association lançait un appel urgent en faveur des acteurs impliqués dans la prise en charge de cette pathologie (ministère de la Santé, Caisse nationale de sécurité sociale, associations de malades) pour élaborer et établir un plan d'action et un réseau de santé pour la prévention de cette maladie. Ce plan d'action sera basé sur la précocité du diagnostic, la mise en œuvre d'une thérapeutique appropriée, l'optimisation de la prise en charge du malade ainsi que la mise en place d'un réseau de santé. Il sera également question dans ce programme d'initier et d'engager un plan d'action en vue d'optimiser les différentes thérapies substitutives rénales (hémodialyse, dialyse péritonéale et transplantation rénale). Il s'agit aussi, selon le Pr Rayane, d'introduire et de développer la transplantation rénale à partir de prélèvements sur des cadavres tout en continuant à pratiquer la greffe à partir de donneurs vivants, en élargissant le cercle à d'autres donneurs (conjoints, cousins, beaux-parents, etc). « Face à l'insuffisance de donneurs potentiels, limités aux seuls parents du premier degré du malade, avec les problèmes de compatibilité que cela suppose, et devant l'accroissement du nombre d'insuffisants rénaux, le recours au prélèvement sur cadavre, autorisé par la loi et la religion, constitue la solution la plus indiquée pour le traitement de cette pathologie », a-t-il souligné. Le spécialiste a appelé, en outre, au nom de son association, à la ratification par les autorités de la tutelle, de la déclaration d'Istanbul qui bannit tout trafic et commercialisation d'organes.