La tuberculose sévit encore en Algérie. 20 000 à 25 000 cas de tuberculose dont 15 000 non pulmonaires sont recensés chaque année en Algérie. 30% des 15 000 cas de tuberculose non pulmonaire sont des pathologies pleurales qui affectent la plèvre, l'enveloppe qui recouvre les poumons. Ces données ont été présentées par le Pr Nafti, chef de service de la clinique des maladies respiratoires à l'hôpital Mustapha à Alger. Le président de l'Association algérienne des maladies des poumons et de la tuberculose a indiqué à l'occasion des 18e Journées nationales de pneumophtisiologie, qui se sont déroulées les 10 et 11 mars à Alger, que les maladies microbiennes qui atteignent la plèvre, thème principal des interventions scientifiques de cette année, entraînent une « pleurésie », notamment chez les enfants. Le Pr Nafti a rappelé que parmi les facteurs causant le cancer de la plèvre, figure l'« amiante » utilisée dans les bâtiments et les chantiers maritimes. Ce type de cancer est classé, selon le spécialiste, parmi les maladies professionnelles dangereuses qui entraînent la mort durant la première année de la maladie. Le pneumothorax a été au centre des débats lors de cette rencontre de deux jours qui vise à former les médecins et à les sensibiliser sur les maladies de l'appareil respiratoire comme l'asthme, la tuberculose, le sevrage et le cancer du poumon, où les spécialistes ont souligné qu'il s'agit d'une maladie très répandue en Algérie et liée directement au tabagisme. 5000 à 10 000 cas sont recensés chaque année. Les spécialistes estiment que ces maladies, reconnues comme des maladies lourdes et coûteuses, nécessitent, pour la plupart des cas, le recours à la chirurgie et sont souvent mortelles. La plèvre joue un rôle préventif, aide à la respiration et protège contre le rétrécissement pulmonaire. Elle constitue un danger pour la santé de l'individu, en cas d'atteinte par une pathologie en général. De son côté, le Dr Ali Hamizi, pneumo-phtisiologue exerçant à la wilaya de Batna, a confié à l'APS que 50% des tailleurs de pierre, exerçant dans la région de Tkout, sont atteints de silicose à divers degrés de gravité. Il a fait savoir que 1000 à 1200 personnes exercent le métier de tailleurs de pierre au niveau national. « La moitié de ces artisans contractent cette affection mortelle incurable due à l'accumulation de poussière de silice dans les poumons », a déploré le spécialiste. Le métier de tailleur de pierres, utilisées dans la décoration des maisons et des bâtisses, est apparu ces 15 dernières années dans la région de Tkout, commune d'Arris, et s'est étendu à d'autres régions, relève-t-il. Ces artisans, note l'intervenant, travaillent pour leur compte et ne bénéficient guère de l'assurance sociale, ce qui complique davantage leur prise en charge médicale ou la prise en charge sociale de leur famille après leur décès. En outre, le Dr Hamizi indique que la silicose ne peut être diagnostiquée qu'à la faveur d'une imagerie médicale, ajoutant que « les symptômes ne sont visibles qu'à un stade avancé de la maladie qui provoque des difficultés respiratoires ». « 40 tailleurs de pierre sont décédés, dont le plus jeune est âgé de 21 ans », regrette-t-il. Devant ce constat, le spécialiste a appelé les autorités publiques à réglementer ce métier et à préserver ses artisans, faisant observer que les masques utilisés par certains artisans ne répondent pas aux normes requises en la matière et ne leur assurent qu'une protection partielle et provisoire, mettant ainsi leur vie en danger. A noter que le Dr Hamizi a mené une étude sur les tailleurs de pierres à Tkout et reçu, à ce titre, plusieurs prix au niveau national et international en 2007 et 2008. Il a également élaboré divers guides de sensibilisation des artisans de la wilaya de Batna et pris en charge quelque 715 cas de silicose.