La silicose, une maladie pulmonaire incurable de plus en plus répandue dans certaines régions du pays, a averti le docteur Djamel Hamizi, de Batna, à l'occasion des 18èmes journées de pneumologie organisées mardi et mercredi derniers à l'hôtel Hilton, organisées par la Société algérienne de pneumo-phtisiologie. Ce spécialiste attirera l'attention sur le danger de la propagation de cette maladie. Il a d'ailleurs été primé à cette occasion pour la qualité d'une étude qu'il a présentée sur cette pathologie qui touche les tailleurs de pierre dans la région d'Arris, près de Tkout. Mais pas seulement, dit-il, puisque c'est un phénomène qui est fréquent dans d'autres régions, notamment en Kabylie. Il faut savoir que la silicose est une maladie pulmonaire provoquée par l'inhalation de particules de poussière de silice dans les mines, les carrières, les percements de tunnel ou les chantiers de bâtiment (sablage), voire les moulins à farine. C'est la plus ancienne pneumopathie professionnelle décrite au XVIe siècle. Cette maladie entraîne une inflammation chronique et une fibrose pulmonaire progressive (ou pneumoconiose fibrosante). Elle se traduit par une réduction progressive et irréversible de la capacité respiratoire (insuffisance respiratoire), même après l'arrêt de l'exposition aux poussières et peut se compliquer quelquefois en tuberculose. Face à l'absence de traitement, le docteur Djamel Hamizi insiste sur la prévention qui, dit-il, est primordiale. Il a appelé les pouvoirs publics à mettre en place un décret exécutif afin de réglementer la profession de ces jeunes artisans, pour les protéger et organiser ce métier. Notre interlocuteur recommandera, entre autres, de créer des micro-ateliers et d'assurer des conditions de travail sécurisés aux jeunes artisans. L'étude réalisée par le docteur Hamizi a dévoilé que 50% des 1 200 tailleurs de pierre de Tkout sont atteints de silicose à des degrés divers. C'est une maladie irréversible, dira ce spécialiste, qui affirme qu'«une quarantaine de décès dus à la silicose ont été recensés ces trois dernières années». Un appel urgent est lancé pour venir au secours de ces jeunes artisans, exerçant «un métier qui a absorbé un grand taux de chômage dans la région», explique le docteur Hamizi. Il faut savoir que le port de masque ne protège pas de cette maladie ; seules des conditions de travail strictes dans des ateliers sécurisés pourra la prévenir. Par ailleurs, le professeur Salim Nafti, président de la Société des maladies des poumons et de la tuberculose, a déclaré que 20 000 à 25 000 cas de tuberculose, dont 15 000 non pulmonaires, sont recensés chaque année en Algérie. Selon lui, 30% des 15 000 cas de tuberculose non pulmonaire sont des pathologies pleurales qui touchent la plèvre, enveloppe qui recouvre les poumons. 3 000 à 4 000 cas sont enregistrés chaque année. Les maladies microbiennes qui atteignent la plèvre entraînent une «pleurésie», notamment chez les enfants. Le Pr Nafti a rappelé que parmi les facteurs causant le cancer de la plèvre figure l'amiante utilisé dans les bâtiments et les chantiers maritimes. Ce type de cancer est classé parmi les maladies professionnelles dangereuses qui entraînent la mort durant la première année de la maladie. La pollution, la dégradation de l'environnement, le tabac sur les lieux de travail notamment sont responsables de l'augmentation des maladies respiratoires et pulmonaires, a alerté le professeur Etienne Lelmarié, président de la Société de pneumologie de langue française et invité d'honneur de la rencontre du Hilton. Selon lui, «si l'on veut réduire la fréquence de ces pathologies, il faudrait, entre autres, augmenter le prix des cigarettes pour dissuader les fumeurs et durcir les mesures d'interdiction du tabac dans les lieux publics». A. B.