L'agrément du ministre pour travail effectué dans la wilaya par les services relevant de son secteur découle du lancement de la quasi-totalité du programme inscrit pour la wilaya qui totalise une enveloppe de pas moins de 12 milliards de dinars, une somme dont la région n'a pas connu d'aussi importante depuis l'indépendance. L'autre point positif relevé et pour lequel le ministre donne une importance impérieuse est le respect des délais. Il dira : «On est intransigeant.» Evacuant les problèmes de financement, M. Ghoul insistera sur une prise en charge rigoureuse des études, des délais ainsi que des normes de réalisation requises, qui, ajoutera-t-il, sont les véritables cartes de visite des entrepreneurs et des bureaux d'études. Devant les retards accusés par la wilaya de Jijel pour son désenclavement, cette fois, il nous semble que les pouvoirs publics ont décidé de prendre véritablement le taureau par les cornes afin de moderniser les axes routiers principaux de la wilaya ainsi que les axes secondaires qui desservent les localités montagneuses. Il convient de souligner à ce propos que l'état de 16,7% des routes nationales traversant la wilaya est jugé mauvais, alors que pour les chemins de wilaya (CW) et chemins communaux (CC), le taux se hisse respectivement à 61% et 75 %. Autre satisfaction pour les usagers de la RN43 qui relie Jijel à Béjaïa, le tronçon relevant de cette dernière wilaya sera finalement pris en charge à partir de 2006 par la DTP de Béjaïa et pour lequel une enveloppe de 110 milliards de centimes a été allouée. A ce propos, Rabah Bouguetof, directeur général de l'organisme national de Contrôle technique des travaux publics (CTTP), nous dira que l'étude réalisée en 1995 par Saeti pour l'élargissement du tronçon de la RN 43 dans la commune de Melbou n'a pas été réalisée. En 2004, il a été décidé de revoir cette étude vieille de 10 ans, jugée coûteuse et techniquement difficile à réaliser pour la confirmer ou encore proposer une autre solution. Le CTTP, qui a pris en charge cette étude, expliquera M. Bouguetof, a proposé une autre solution qui a été retenue comportant trois tunnels, un ouvrage d'art ainsi que l'élargissement des autres points noirs. L'étude finalisée, ajoutera notre interlocuteur, sera remise début janvier 2006. Pour faciliter les travaux et la circulation routière, une déviation de 11,5 km existante sera améliorée. Arrivant de l'aéroport de Béjaïa, le ministre des Travaux publics a commencé sa tournée dans la région par le port de Ziama qui participe à concurrence de 23% dans la production halieutique de la wilaya, où des explications ont été données au ministre sur le revêtement en bitume et les travaux de protection de la falaise de Ziama, dont le glissement menace et les habitations et le port. Le ministre appellera à parfaire l'aménagement du bassin pour mieux organiser la flottille, qui compte 83 unités (dont 4 chalutiers et 15 sardiniers), dont la capacité pourrait être portée à 100 unités. Pour la protection de la falaise, une enveloppe de 55 milliards de centimes est déjà allouée pour évacuer ce danger qui plane. Après avoir vu de visu les travaux d'élargissement de la corniche entre Ziama Mansouriah et El Aouana, qui ont fait couler beaucoup d'encre, le ministre qui s'est montré ravi de l'état d'avancement, insistera par contre sur le lancement en parallèle des travaux de reboisement pour consolider les talus. Dotation financière des projets Le recours au béton projeté ou aux filets métalliques, dira le ministre, doit être réservé aux parois difficiles et rocheuses. A l'endroit où devra déboucher le tunnel de Dar El Oued, le directeur général de l'entreprise italienne Astaldi-Algérie, qui s'est associée avec Cosider dans ce projet (60 et 40%), expliquera la démarche d'Astaldi pour la construction de ce tunnel monotube à double voie d'un gabarit de 5,70 m et une chaussée de 7,50 m. Prévu sur un linéaire de 300 ml, le tunnel comptera selon la variante retenue 628 ml qui ne comploteront qu'un virage (contre trois pour la première variante) avec un rayon de courbure confortable pour les usagers. Le tunnel suivant sa nouvelle configuration a été doté d'une enveloppe de 109 milliards de centimes. En réponse à l'insistance de M. Ghoul, en ce qui concerne le respect des délais, le représentant d'Astaldi dira : «Nous sommes confiants, on travaillera H24.» Le ministre ne manquera pas par ailleurs de souligner l'importance des équipements spécifiques de sécurité et de ventilation, à propos desquels le représentant d'Astaldi dira que son entreprise applique les normes internationales et européennes dans le domaine. Au niveau de Dar El Oued où se trouvent les grottes merveilleuses, M. Ghoul inspectera les «premiers coups» de la foreuse de l'Engeoa qui a été retenue pour réaliser le viaduc de 134 ml qui devra relier l'ancienne route à l'entrée est du tunnel. Cet ouvrage d'art qui devrait être réceptionné dans moins d'une année a nécessité une enveloppe de 25 milliards de centimes. Un aperçu sera par ailleurs donné par les services du parc national de Taza sur la prochaine reconstruction de la passerelle menant aux grottes merveilleuses qui s'est effondré sous les coups du ressac. Au niveau d'El Aouana, les ingénieurs du laboratoire d'études maritimes (LEM) ont exposé la variante retenue parmi un total de trois, pour le port de pêche et de plaisance de cette localité balnéaire très prisée. Cette infrastructure qui nécessitera 160 milliards de centimes aura une capacité pour contenir 5 chalutiers, 15 sardiniers, 50 petits métiers et 150 plaisanciers. Sur la route menant au chef-lieu de wilaya, le ministre s'arrêtera sur le chantier des travaux de dédoublement de la voie entre Jijel et El Arayeche sur 3 km qui ont connu un grand retard. Ces travaux qui devraient assurer une fluidité de la circulation à l'entrée ouest de Jijel, surtout en période estivale, ont nécessité une enveloppe de 25 milliards de centimes. La célérité dans l'exécution des travaux est ainsi exigée, d'autant que d'autres tronçons entrant dans le cadre du dédoublement de la RN43, entre El Aouana et El Milia sur 75 km, devraient être lancés en 2006. Il en sera ainsi donc du tronçon de 6 km entre El Arayeche et Kissir pour 822 millions de dinars, Jijel-Achouat (Taher) sur 14 km (110 milliards de centimes), et Kissir-El Aouana sur 8 km et une enveloppe de 40 milliards de centimes. A Kissir, la délégation ministérielle a reçu un exposé sur un projet vieux de 20 ans concernant l'évitement sud de Jijel qui permettra de soulager la ville par une déviation du trafic, notamment celui des poids lourds. Cette fois, il semble que ce dossier prendra effectivement son envol sur 14,5 km pour un montant de 110 milliards de centimes. Les autres points de la visite ont concerné la réalisation d'un pont sur Oued Samer à Kaous sur le CW 150, l'aménagement du CW 135 entre Kaous et Taher sur 10 km, un pont sur Oued Nil sur le CW 35 (entre Taher et Chekfa) et un pont sur Oued Mencha sur l'ex-RN43. L'étude et l'aménagement du tronçon Mencha-Achouat sur 9 km ainsi que le remplacement de l'ancien pont sur Djendjen permettront quant à eux une desserte du futur pôle universitaire de Tassoust. Au niveau du port de Djendjen où le ministre a inspecté les travaux de revêtement de 6 ha, le bureau d'études égyptien Hamza International a donné un aperçu sur l'étude du nouveau tracé de la future RN 77. De prime abord, la variante longeant l'Oued Djedjen paraît plus intéressante que la seconde plus longue de 8 km et se confondant sur plusieurs tronçons avec l'ancienne RN77 qui passait par Texanna et Djimla. A propos de cette route, M. Ghoul insistera pour en faire non pas une route, mais une autoroute qui sera une bretelle directement reliée à l'autoroute Est-Ouest. Les routes pour désenclaver les localités Pour consolider l'étude, il proposera l'aide de l'institut national de cartographie. Seulement, dira M. Ghoul à l'adresse du PDG du port de Djendjen, en mettant des milliards dans la route il faut rentabiliser le port près duquel partira la nouvelle autoroute, qu'on veut hisser comme un pôle dans le bassin méditerranéen. La seconde journée de la visite a été réservée à la partie est de la wilaya, notamment Kheiri Oued Adjoul où l'aménagement de la route menant de Belghimouz à Beni Belaïd a été achevée et où les travaux de remplacement du passage sur Oued Kebir est en voie de remplacement par un pont d'une valeur de 190 millions de dinars. La route qui nous a paru de très bonne qualité et qui a nécessité 57 millions de dinars devrait être reclassée en chemin de wilaya. Dans la commune d'El Ancer, le remplacement de l'ancienne datant de 1920 et dont l'arrêté de fermeture a été signé par le wali le 17 avril 2005, après expertise du CTTP, est en cours par l'entreprise Seroest Batna pour une enveloppe de 59 millions de dinars. A Belhafed, c'est la remise en état des CW 135 A et 135 B qui desservent le couloir compris entre Meharka, Belhadef, Ouled Askeur et Bordj T'har qui a été présentée au ministre qui à aucun moment ne s'est montré réfractaire aux prépositions des autorités locales soucieuses de désenclaver ces régions montagneuses en intégrant des localités, à l'exemple de Beni Mimoune qui est désaxée par rapport à la route principale. El Milia sera l'avant-dernière halte, où M. Ghoul inspectera la réhabilitation du CW 132 B su 11 km, lequel demande une réévaluation qui a été octroyée sans problème. Dans la même commune, la première pierre pour la réalisation d'une passerelle de 195 m sur Oued Kebir a été posée. Ce passage permettra de relier les habitants des localités d'El Kessaf, Takenfoud, Beni Souik, Zoulem et Ahchighem, directement à la RN27 (El Milia-Constantine). Les derniers projets visités concernent le CC18 reliant Sidi Marouf à Ouled Rabah sur 16 km, un projet cher au défunt P/APC de Ouled Rabah, et la réalisation d'un pont sur Oued Grayou. Là aussi, le ministre reviendra sur la nécessité d'entamer les travaux de reboisement des talus pour protéger la route et éviter des glissements de terrain. Avec cette somme de projets, la wilaya de Jijel commence enfin à se dévêtir de l'enclavement qui a longtemps été subi par les populations de la région.