La Banque mondiale vient de rendre public un rapport pour le moins alarmant sur la récession économique qui affecte déjà gravement de très nombreux pays, en attendant d'atteindre ceux qui y avaient momentanément échappé. Ce net recul de la production de biens et de services se traduira par des faillites d'entreprises, le licenciement de milliers de travailleurs et un accroissement sans précédent de la pauvreté qui affecteront la planète entière, en faisant toutefois payer le plus lourd tribut aux pays pauvres, notamment ceux du continent africain. C'est pourquoi la Banque mondiale a lancé, à la faveur de ce rapport, un appel solennel aux pays riches et émergents pour qu'ils réservent au minimum 0,7% des capitaux destinés à la relance de leurs économies aux pays les plus pauvres de la planète. Un appel certes très généreux, mais qui a toutes les chances de rester lettre morte du fait que les pays potentiellement donateurs – G8, Irlande, pays émergents d'Asie et du Golfe – sont, pratiquement tous laminés ou en voie de l'être par la crise financière internationale, qui a considérablement réduit leurs capacités de paiement. Le rapport de la Banque mondiale écarte toute possibilité de sortie de crise durant l'année en cours et le premier semestre 2010. La récession économique continuera à faire des ravages qui viennent s'abattre sur la deuxième puissance économique mondiale, en l'occurrence le Japon, qui vient de publier pour la première fois de son histoire un déficit record de ses comptes courants. En raison des méventes subies par les producteurs d'automobiles et d'appareils électroniques, le Japon a, en effet, importé cette année beaucoup plus qu'il n'a exporté et le phénomène risque de s'installer dans la durée. Même si c'est à des degrés de gravité divers, ce pays n'est, malheureusement, pas le seul à subir la récession économique et ses graves retombées sociales, auxquelles tentent pratiquement tous les pays de remédier en injectant des ressources fabuleuses dans des plans de relance. Etant pour la plupart déjà embourbés dans de lourds déficits budgétaires, bon nombre d'entre eux seront, à l'évidence, forcés de solliciter l'aide du Fonds monétaire international. Pour faire face aux énormes besoins financiers des pays riches en crise, le FMI serait alors bien obligé de se détourner des pays pauvres qui ont, pourtant, davantage besoin de soutien financier. Les « damnés de la terre » ont toutes les chances d'être, cette fois encore, les laissés-pour-compte d'une crise économique et financière dont ils ne sont, pourtant, nullement responsables.