La récession que connaît l'économie mondiale sera bien plus forte que ce que le Fonds monétaire international prévoyait il y a seulement un mois, affirme le chef économiste de l'OCDE, Klaus Schmidt-Hebbel. Cette crise économique sans précédent depuis 1946, quand les dépenses militaires avaient chuté après la Seconde Guerre mondiale, requiert de nouvelles baisses de taux de la part de la Banque centrale européenne et de la Banque d'Angleterre, indique-t-il dans une interview accordée à Reuters. «La récession s'aggravera [...], cela ne fait pas de doute», dit-il. «Je crois que ce trimestre sera le pire de tous.» Le 28 janvier dernier, le FMI avait réduit sa prévision de croissance mondiale à 0,5% cette année, au lieu de 2,2% attendu en novembre. Pour les seules économies avancées, l'organisation table désormais sur une contraction de 2,0%. Pour Klaus Schmidt-Hebbel, ces prévisions sont encore en deçà de la vérité. «Ce sera une récession bien plus profonde et plus longue que ce que prévoyait le FMI en janvier, à tous les niveaux», explique-t-il. En novembre, l'Organisation de coopération et de développement économiques prévoyait une contraction de 0,4% de la production cumulée de ses 30 Etats membres, c'est-à-dire la plupart des pays industrialisés et quelques économies moins matures comme la Corée du Sud, le Mexique et la Turquie. «Les économies de l'OCDE feront nettement moins bien que l'économie mondiale car certains pays émergents comme l'Inde, la Chine et quelques autres réussiront à conserver une croissance légèrement positive en 2009», explique l'économiste. Après déjà un quatrième trimestre difficile, les trois premiers mois de 2009 devraient constituer le pic de la crise, estime Klaus Schmidt-Hebbel. Aux Etats-Unis, le trimestre écoulé a été le plus mauvais depuis 26 ans, ce qui a amené la Réserve fédérale à ramener ses taux près de zéro, un niveau où se trouvent déjà les taux japonais. «Nous nous attendons à de nouvelles baisses de taux importantes de la Banque d'Angleterre, de la BCE et de banques centrales dans d'autres pays de l'OCDE. Des taux très bas sont absolument justifiés par les perspectives d'inflation et d'activité sur les deux prochaines années», observe l'économiste de l'OCDE. Cette recommandation figurera dans le prochain rapport de l'OCDE sur les perspectives économiques qui sera publié à la fin du mois, ajoute-t-il. Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que la BCE et la BoE réduisent demain leurs taux directeurs, actuellement de 2 et 1% respectivement. Parallèlement aux baisses de taux, Klaus Schmidt-Kebbel préconise des mesures dites non conventionnelles, comme l'achat direct de titres par la BCE, sur le modèle de ce que font les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Pour autant, l'économiste en chef de l'OCDE veut garder une note d'optimisme. «C'est certes la plus grave récession depuis 1946 [...] mais ce n'est pas la Grande Dépression, qui avait vu le PIB s'effondrer de 20% au total dans certaines grandes économies», conclut-il Reuters