L'argent est le nerf de la guerre. Celui qui n'en a pas est déclaré, d'emblée, perdant. Cela pourrait parfaitement s'appliquer aux cinq concurrents du président Bouteflika dans la course vers le palais d'El Mouradia. Pour eux, les financements se font plutôt rares. Ils en ont conscience et ils le disent haut et fort. A cinq jours du lancement officiel de la campagne électorale (le 19 mars prochain) pour la présidentielle du 9 avril 2009, les candidats se plaignent. Ils triment pour réunir les sommes nécessaires pour financer leurs activités durant les 20 jours de la campagne présidentielle. Alors que l'aide de l'Etat tarde à venir, les cinq candidats crient déjà à l'injustice. Ils accusent les pouvoirs publics de favoriser le président candidat. « La campagne électorale commencera officiellement avec la participation de candidats aux moyens matériels inégaux, mettant à nu, d'ores et déjà, l'absence de justice et d'égalité », déclare le candidat Mohand Oussaïd Bélaïd. Ce dernier se demande s'il n'y aurait pas « une volonté des pouvoirs publics d'étouffer les concurrents de Bouteflika ». « Au moment où je vous parle, aucun dinar n'a été débloqué par l'Etat. Nous avons formulé une demande, mercredi dernier, à la commission de préparation des élections et jusqu'à aujourd'hui, aucune suite. Ce qui peut être interprété comme une volonté d'étouffer les candidats avant même le début de la campagne », nous dit-il. Le candidat se trouve dans l'embarras. Il peine même à couvrir les dépenses relatives à la préparation de la campagne : la confection des supports publicitaires, les affiches et les portraits. « La confection de ces supports coûtera en moyenne 20 millions de dinars. Une sommes qui dépasse largement l'aide prévue par l'Etat, qui est de 15 millions de dinars », explique-t-il. Et d'ajouter : « Si on n'arrive pas à avoir l'argent nécessaire, nous allons réduire le tirage de nos affiches. Nous avons prévu d'imprimer 300 000 affiches. » Même préoccupation chez les quatre autres candidats. Ils souffrent, eux aussi, des soucis d'argent. Ce que oblige, d'ailleurs, le candidat du FNA, Moussa Touati, à mener « une campagne modeste ». Le chargé de communication du FNA, Mohamed Tin, affirme qu'il dispose uniquement d'un « petit budget » du parti. « Pour recueillir des financements, nous avons fait appel à la contribution des structures du parti à travers les 48 wilayas, des militants et de nos députés à l'APN », soutient-il. M. Tin abonde dans le même sens que Mohand Oussaïd pour dire que « l'aide de l'Etat ne suffira même pas pour couvrir les préparatifs de cette campagne ». Comment faire alors pour assurer une prise en charge du staff de campagne du candidat durant ses déplacements à l'intérieur du pays ? La tâche sera difficile pour tout le monde. Pour leur part, les partisans du représentant du mouvement El Islah, Djahid Younsi, se montrent confiants. « Nous avons des problèmes de financement car nous n'avons pas des entrepreneurs qui nous soutiennent. Mais nous comptons sur la volonté de nos militants », lance Djamel Benabdeslem, bras droit de Djahid Younsi. Notre interlocuteur ne rate pas l'occasion pour critiquer le président candidat : « Lui (Bouteflika, ndlr) utilise les biens de l'Etat », assène-t-il. Les partisans du président de Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïn, soutiennent la même chose. Selon le directeur de campagne de M. Rebaïn, Aïssa Belmeki, « le président sortant a déjà achevé sa campagne avant même son lancement officiel ». « Le combat est inégal. Le candidat président a instrumentalisé même le 8 mars pour faire sa propre campagne », estime-t-il. Concernant les financements, les responsables Ahd 54 semblent avoir prévu toutes les situations. Reconnaissant qu'ils sont confrontés à des problèmes de sous, Aïssa Belmeki précise : « Nous avons prévu le chemin critique. C'est-à-dire que nous avons imaginé les pires situations et c'est pour cela que nous avons investi sur l'élément humain. » Le financement de la campagne de M. Rebaïn est, ajoute-t-il, basé sur « les contributions des militants du parti ». Nous avons tenté de joindre les responsables du Parti des travailleurs, en vain.