Voulant gagner la bataille du redressement économique, le chef de l'Etat vient d'engager une course contre la montre. Le chef de l'Etat préside ce matin le dernier Conseil des ministres de l'année 2002. Celui qui ouvrira par ailleurs une nouvelle année d'exercice, d'autant plus que c'est aujourd'hui que Bouteflika procédera à la signature de la loi de finances 2003. Les questions économiques dominent et occuperont certainement l'essentiel des débats de la rencontre d'aujourd'hui. Bouteflika veut donner un coup d'accélérateur à ses réformes qui patinent depuis plus de deux ans. Tous les secteurs, ou presque, sont concernés par cette réunion de fin d'année. De la question des zones franches qui n'emballe pas le Président à la nouvelle tarification sur l'électricité, en passant par la reprise en main par l'Etat du projet de réalisation de la nouvelle aérogare d'Alger, l'eau, la planification, la privatisation, tout passera au peigne fin aujourd'hui. Après avoir auditionné les ministres durant le mois de ramadhan, le locataire du palais d'El-Mouradia a décidé de prendre en charge les dossiers sensibles qui bloquent le processus économique. Durant les séances de travail qu'il a eues avec les ministres en charge, notamment des secteurs stratégiques, le président de la République a eu certainement à prendre connaissance des contraintes qui freinent l'aboutissement ou du moins l'avancement des chantiers lancés il y a plus de deux ans. Ces réunions lui ont permis d'identifier les facteurs de blocage et de réfléchir sur la “thérapie de choc” à administrer à une économie malade, avance une source gouvernementale. Le temps presse pour l'Algérie qui se prépare à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et qui doit s'adapter aux exigences de la mondialisation et aux règles de coopération avec notamment l'UE. Voulant gagner cette bataille, celle de redressement économique, et se présenter avec plus d'atouts en avril 2004, Abdelaziz Bouteflika vient d'engager une course contre la montre. Il veut en tout cas rattraper le temps perdu en dépit de la complexité de la tâche. Selon certaines indiscrétions, le chef de l'Etat a préparé son plan d'attaque. Tous les dossiers en suspens seront étudiés d'abord et réglés ensuite durant le premier semestre 2003, avancent des sources proches de l'entourage du président de la République. Il n'y a plus de place pour l'attentisme et l'hésitation, affirment les mêmes sources. Des décisions importantes d'ordre strictement économique et social seront annoncées par le premier magistrat du pays au cours des visites qu'il effectuera dans plusieurs wilayas du pays durant le premier trimestre de l'année prochaine. Il a choisi cette méthode pour rendre public son plan de mise en œuvre des réformes. En lieu et place d'une conférence des cadres au Club-des-Pins, Bouteflika a préféré se rendre dans les wilayas pour mieux séduire un peuple qui ne croit plus en rien. La reprise de confiance des citoyens nécessite des décisions politiques fortes qui accompagneront un plan de réforme économique qui prendra en considération le volet social. Trois ans après son arrivée au palais d'El-Mouradia, Bouteflika a pris conscience du retard accumulé dans l'avancement des chantiers qui devaient servir d'appoint pour sa campagne pour le deuxième mandat présidentiel. En 2003, il s'engagera sur tous les fronts pour essayer de réaliser quelques résultats à faire valoir face à un peuple exigeant qui se méfie des promesses sans lendemain. Tels sont les défis auxquels fera face Bouteflika en 2003. Pourra-t-il réussir en dix-huit mois là où il a échoué en trois ans ? La réponse est reportée à avril 2004. Entre temps, le citoyen continue à souffrir sur tous les plans. M. A.O.