En lançant en novembre dernier un grand pavé dans la mare, les 16 associations de la commune de Téléghma, revendiquant mordicus le départ du P/APC, ont-elles sonné le tocsin du mis en cause ? A en croire des sources très officielles, les investigations déclenchées successivement par l'inspection générale de la wilaya et la police judiciaire, dont l'enquête est en cours, auraient permis jusqu'ici de lever le voile sur une pelletée de graves dérives à charge de l'édile. Ce dernier aurait été épinglé sur plusieurs délits : usurpation du foncier, dilapidation des deniers publics, contrats douteux, mauvaise gestion, trafic d'influence, et prise de décisions unilatérales entre autres. Saïd Athmani, le maire, aura donc réussi dans le feu de cet hégémonisme de clans, le difficile challenge de faire et défaire toutes les alliances et museler les trois vice-présidents, nous confirment les intéressés. Accusations à l'emporte-pièce «A fortiori, le conseil communal atypique de Téléghma, fonctionne, pour rappel, depuis plus d'une année sans exécutif, étant réduit à 5 membres sur une composante de 11», martèlent le 1er et le 2e vice-présidents, Nour Eddine Chadi et Derradji Chadi, appartenant respectivement au PNSD et à El Islah. Le fonctionnement au ralenti des affaires de la commune, aggravé par l'implosion de son conseil, ne constitue, selon nos interlocuteurs, que la partie visible de l'iceberg. Sinon, rétorquent-ils, par quelle alchimie abracadabrante, le P/APC est arrivé contre vents et marées à imposer en règle de gestion le recours abusif aux délibérations après l'établissement de trois convocations ? Des procédures aussi biscornues qu'extra légales pratiquées durant plus d'un an dans l'impunité totale, aux dires des détracteurs de Saïd Athmani, qui considère que la validation des délibérations à l'issue de la 3e convocation est réglementaire au vu de l'article 17 du code communal. A cet effet, l'inspecteur général de la wilaya aurait, selon leurs dires, désapprouvé lui-même ces pratiques de bas étage en mettant en exergue le fait que le conseil «restreint» de l'APC, tout comme la daïra et la wilaya ont fait fausse route en cautionnant les nombreuses irrégularités constatées, car s'inscrivant en porte-à-faux avec le code relatif à la passation des marchés. Lesquels marchés sont octroyés sans consultation ni cahiers des charges, ajoutent nos interlocuteurs citant l'exemple édifiant des travaux de revêtement d'un tronçon routier de 300 m entre Téléghma et M'Chira. Que cache la zone d'activités De TélEghma ? L'opération de pose de l'enrobé, confiée à un entrepreneur local, n'a fait l'objet d'aucune étude technique, indiqueront-ils. La commission de la wilaya dépêchée sur place constatera d'ailleurs de visu l'apparition des énormes malfaçons sur cet itinéraire et la dislocation du bitume sous l'effet de l'enneigement. Se gardant de faire tapisserie, les pourfendeurs du maire contre-attaquent et l'accusent ouvertement d'être à l'origine du démembrement et du charcutage des biens fonciers de l'Etat. C'est le cas, nous informe-t-on, d'un investisseur de la région, une notabilité de la ville dont les liens de parenté avec le maire sont établis et qui aurait bénéficié d'un «coup de pouce» pour s'adjuger une poche de 5 ha au niveau de la zone d'activités, cédés, ou selon leurs termes, bradés à raison de 100 DA/m2. Contrats douteux Information que le mis en cause démentira formellement, en affirmant que le prix du mètre carré de la cession a été fixé à 450 DA et qu'en tout état de cause le dossier de l'intéressé est passé dans le cadre de la Calpi (PV de la commission de wilaya du 12 mars 2003). Les irrégularités d'acquisition de terrains d'investissement au niveau de la zone d'activité (ZAC) de Téléghma, sont-elles pour autant monnaie courante, comme cela est colporté ici et là ? Une probabilité au demeurant envisageable, dans la mesure où le wali s'en est fait l'écho lors d'une session ordinaire de l'APW, s'engageant à déloger sans rémission tous les faux investisseurs. Trois entrepreneurs, dont le frère du maire, auraient été auditionnés dans le cadre des investigations. Ce dernier serait récipiendaire de deux projets douteux (AEP et assainissement) de 10 millions de dinars. Sur ce point précis, le P/APC battra en brèche ces accusations arguant (registre des délibérations et émargements des différentes commissions à l'appui) que les deux projets dont il est question, ainsi que ceux ayant trait aux aménagements routiers sont passés par des consultations restreintes. Dans la foulée des présumées expropriations, un membre de l'APC serait impliqué à son tour pour avoir bénéficié à Téleghma centre d'un terrain de 2000 m2, tout en prenant le soin de squatter une parcelle mitoyenne. L'aménagement de la route transitant par Z'Mala vers la RN 101, sur 1,2 km, financée (curieusement) à deux reprises sur la rubrique «PCD de la même année 2004», à hauteur de 4 et 5 millions de dinars, serait l'une des multiples facettes de la dilapidation et du détournement de l'argent du contribuable, à en croire le témoignage des deux vice-présidents cités plus haut. Concernant le revêtement du stade communal Bachir Khebbaza, projet attribué à l'entreprise italienne Artigien Service by Limonta moyennant une enveloppe de 55 millions de dinars, nos informateurs remettent en cause la légalité d'un avenant de 5 millions de dinars qui aurait été consenti en catimini à une autre entreprise pour la réalisation de travaux complémentaires au niveau de la piste d'athlétisme. Le P/APC rétorquera qu'une autorisation préalable a été accordée par le wali à ce sujet.