Les vents violents qui ont soufflé sur la région durant la première quinzaine de mars auront eu des conséquences imprévisibles. En effet, après avoir endommagé les cultures sous serres et parfois celles de plein champ, ces bourrasques, dont la vitesse avait par moment atteint les 120 km/heure, auront également entraîné des perturbations sur les arbres fruitiers et forestiers. Notamment, en endommageant profondément le feuillage et les jeunes bourgeons qui, à la faveur du réchauffement printanier, commençaient à émerger. Ces dégâts peu visibles pour le profane viennent de prendre des proportions alarmantes qu'il est possible d'observer sur l'ensemble des arbres exposés. Il en est ainsi des coriaces ficus qui bordent les rues et les routes et dont les feuilles commencent à tomber sur le sol à une allure jamais observée auparavant. Les tiges qui sont mises à nue offrent l'image d'un cataclysme majeur, surtout s'agissant d'arbres à feuillage persistant. Cette image de désolation est également visible sur d'autres espèces forestières mais également fruitières. Les plus atteints semblent être les citrus, comme les orangers, les clémentiniers et les citronniers dont c'est parfois l'ensemble des feuilles qui a disparu, provoquant un dénudement des tiges et des branches. Avec la montée en sève printanière qui représente habituellement près de 70% du potentiel végétatif annuel, c'est toute la floraison qui se retrouve totalement à découvert. Ceci aura plusieurs conséquences immédiates, la plus pernicieuse étant l'inhibition de la photosynthèse en l'absence des feuilles dont c'est la plus importante fonction. Du coup, ce sont les jeunes fleurs qui se retrouvent totalement livrées à elles mêmes sans aucune protection et surtout sans aucune source d'énergie. Sur les vignobles, le phénomène n'aura pas atteint les nouveaux bourgeons qui, en raison du froid persistant, auront décalé fort astucieusement la levée de la dormance hivernale. Seules les vignes en bordure de mer, en raison de températures plus clémentes, auront subi les agressions de vents que la présence de sable aura indubitablement accentuées. Pourtant le phénomène est parfaitement connu des vignerons qui parvenaient à l'endiguer en plantant, à intervalles réguliers, des rangs de seigles qui faisaient office de brise-vents. Dans les coteaux du Dahra, les champs qui n'ont pas été protégés risquent de voir leur récolte compromise en raison de l'extrême fragilité des grappes naissantes. Les arbres qui devraient subir des conséquences incalculables, notamment sur les récoltes mais également sur le développement des jeunes plants, sont ceux qui ne pourront pas remplacer l'unique feuillage dont ils se parent une fois l'an. Pour ceux, comme les agrumes, qui ont plusieurs poussées de sève durant l'année, ils possèdent encore quelque chance de survie. Car la perte du feuillage de printemps est toujours dramatique pour la végétation pérenne, non seulement chez les espèces caduques mais également chez les espèces à feuillage persistant, qui en profitent pour renouveler et renforcer leur potentiel photosynthétique. Heureusement que ce phénomène n'aura pas atteint les vergers de l'intérieur ni ceux parfaitement à l'abri derrière les brise- vents.