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Avons-nous la volonté de sortir de la dépendance du pétrole ?
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2006

Elles n'y parviennent pas, et ce, malgré plusieurs tentatives depuis 1980 ! C'est comme un toxicomane qui n'arrive pas à se débarrasser de sa drogue ! Le pays s'est accoutumé, «addicted», comme disent les Américains, au pétrole et au gaz !
En effet, les deux piliers fondamentaux de toute politique économique, à savoir le budget et la balance de paiements, demeurent toujours financés essentiellement par des revenus tirés des hydrocarbures, l'un à 60% et l'autre à 90% environ, depuis les années 1970. L'espoir d'en voir le changement de sitôt n'est pas proche étant donné les tendances actuelles qui caractérisent notre économie, et ce, pour longtemps ! Ceci est dangereux étant donné la caractéristique de nos ressources non renouvelables ! Des mesures incitatives avaient été prises durant les années 1980, fort coûteuses, mais toutes inefficaces, car sans résultats tangibles puisque les exportations hors hydrocarbures n'ont pas pris l'envol comme souhaité ! La cause, c'est que les réformes structurelles essentielles n'ont pas été réalisées dans les activités essentielles, telles que le secteur financier, le secteur des transports, la formation – de gestionnaires notamment en finances et banques – l'administration, la régulation économique, l'encadrement des entreprises pour études et conseils en matière d'orientation, le développement, la gestion, le contrôle et l'audit. Pis, les interventions de l'administration dans la gestion courante de l'économie sont toujours de mise bien que l'on ait déclaré la fin de l'économie administrée depuis 1996…! L'on peut se sortir de la «dépendance économique» d'un seul produit, mais avec des réformes et des politiques économiques adaptées au contexte comme le montrent des exemples à travers le monde. A une époque, d'anciens pays «unijambistes» ne comptant que sur un produit.
Comme le Mexique, l'Indonésie, les pays du Golfe, l'Inde, la Malaisie, le Chili, le Maroc, etc. se sont sortis de la «dépendance économique» respectivement des hydrocarbures, du coton et textile, du caoutchouc, du cuivre et des phosphates. Ces pays ont pu et su renverser la vapeur et ne plus dépendre d'un mono-produit en encourageant de façon adéquate les investissements dans la production de biens durables et en y introduisant une gestion rigoureuse et efficace des ressources naturelles, matérielles, humaines et financières.
Des réformes profondes ont été entreprises pour :
I) former des gestionnaires et technocrates ;
Il) rénover l'administration et la législation en simplifiant au maximum la création d'entreprises et en y facilitant l'accès au crédit, au foncier, aux services (eau, électricité, téléphone, routes et transport) ;
III) moderniser les services financiers, notamment bancaires ;
IV) accorder des incitations financières et fiscales ;
V) mettre en place un système de contrôle prudentiel et managerial ;
VI) introduire une régulation économique afin d'établir une compétition loyale, aider les investisseurs à produire bien et vite, protéger les producteurs dans leurs relations avec les tiers et le consommateur au regard des prix et de la qualité de service. Ces pays ont surtout su créer un environnement propice avec une stabilité juridique à toute épreuve et des procédures administratives simplifiées afin d'encourager les investisseurs nationaux et les investisseurs internationaux. Ces derniers sont essentiels pour l'apport du savoir-faire et du capital.
Les services fondamentaux pour le développement d'une économie, tels que le transport, le tourisme, la technologie, le commerce extérieur, les finances (banques-assurances-marchés financiers) ont constitué un gisement d'emploi et de développement durable pour de nombreux pays afin de sortir de la dépendance économique et diversifier efficacement leur économie.
La formation, notamment de gestionnaires, a été un élément vital pour ces pays pour gérer de façon rigoureuse, efficace et efficiente toutes leurs ressources de toute nature et de toutes sortes. Justement, notre pays manque cruellement de gestionnaires qualifiés tant dans le secteur public que privé.
Prenons un exemple, celui des deniers publics. Sait-on qu'il n'existe pas d'école ou d'institut pour former spécialement des cadres de conception et de gestion pour le budget, instrument essentiel dans toute politique socioéconomique d'un pays. Le besoin de former des gestionnaires en ce domaine est pressant à un moment où l'on s'apprête à dépenser 55 milliards de dollars pour les 5 années à venir dans le cadre de la relance économique !
Il faudrait à l'Etat et ses démembrements énormément de cadres dans les domaines suivants tels que :
1) préparation du budget (ministère des Finances, autres ministères, institutions et collectivités publiques à tous les niveaux ;
Il) exécution du budget (ordonnateurs des ministères, institutions publiques, wilayas, communes et établissements publics III) contrôle et payement des dépenses publiques (contrôle financier, Trésor public, agences comptables) ;
IV) audit de la gestion de deniers publics (Cour des comptes, inspection et contrôle à tous les niveaux).
Bien plus, si réellement on avait un système de formation performant, on aurait produit des gestionnaires qualifiés pour la conception, le développement, l'évaluation de projets, l'exploitation, l'audit et le contrôle. On aurait pu éviter :
1) l'effondrement du secteur productif public ;
2) la création d'une bureaucratie paralysante ;
3) un accès tortueux et pervers au financement ;
4) les difficultés à financer des projets d'investissement fiables et rentables ;
5) l'échec de la création de banques privées algériennes,etc. La conséquence d'une telle situation c'est le nombre important de déchets d'entreprises publiques et privées, de dilapidation de ressources de toutes sortes, surtout financières, et de détournements dans nos entreprises, banques et autres institutions financières, publiques et privées.
En conclusion
Le pays possède assez de cadres compétents en retraite, avec une grande expérience, nationale et internationale, qui ne demanderaient pas mieux d'aider à élaborer une stratégie de sortie de la dépendance, d'amélioration de gestion et de formation. Il serait bien sûr utile de leur adjoindre des experts étrangers de stature internationale pour diversifier les vues et opinions, et enrichir le débat afin d'améliorer le contenu de cette stratégie.
L'objectif est de sortir de la dépendance économique et de l'assistance «pour de bon».
Cela nous permettrait d'instaurer dans la réalité un développement socioéconomique durable et entrer de plain-pied dans l'ère de la création industrielle, des technologies de l'information et de la communication, et ce, dans tous les domaines. Mais existe-t-il une volonté de sortir de la dépendance des hydrocarbures afin de construire une économie diversifiée à l'exemple des pays du Golfe, surtout que l'on parle de l'«après-pétrole» depuis…. 1980 !


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