Quant à la citation d'Einstein, elle est la suivante : «Si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre, plus de pollinisation, plus d'herbe, plus d'animaux, plus d'hommes.»(1) Dans les deux cas, il s'agit de l'abeille. Est-ce un hasard ? Non. «Dès l'origine, écrit Maurice Maeterlinck, ce petit être étrange, vivant en société, sous des lois compliquées, et exécutant dans l'ombre, des ouvrages prodigieux, attira la curiosité de l'homme. Aristote, Caton, Varron, Pline, Columelle, Palladius s'en sont occupé, sans parler du philosophe Aristomachus qui, au dire de Pline, les observa durant 58 ans, et de Phyliscus de Thasos, qui vécut dans les lieux déserts, pour ne plus voir qu'elles, et fut surnommé le Sauvage.»(2) A ces noms prestigieux, il faudrait ajouter ceux de grands savants comme Swammerdam, Réaumur ou Hubert qui ont consacré toute leur vie à disséquer l'abeille ; sans oublier, bien évidemment, le grand nom de Maurice Maeterlinck qui leur consacra un très beau livre, haut en couleur.(3) Mais auparavant et, bien avant eux, il y a Dieu… Celui qui a titré la Sourate 16 Les Abeilles ; et leur y a consacré deux versets (68 et 69). Or, pour que Dieu leur ait fait une révélation – les seules à en être sacrées du règne animal-, et consacré un titre et deux versets, il eût fallu qu'elles fussent très importantes, «ces mouches à miel». Dans les deux cas également – tant dans le verset du Saint Coran que dans la citation d'Einstein -, il s'agit respectivement de deux antonymes : «Demeurer» et «disparaître». Dieu, le Tout-Puissant, enjoint aux abeilles de demeurer : «Prenez des demeures…» Par cette révélation, le créateur se veut rassurant ! C'est la sérénité ! Nonobstant, Einstein dit : «Si l'abeille disparaissait…» A l'opposé de Dieu, il est alarmiste. En dépit de son immense génie, et à côté de la mansuétude de Dieu, sa déclaration semble alarmante. Bref, revenons aux deux antonymes et faisons leur analyse. «Demeurer» signifie être de façon continue, «disparaître» : cesser d'être.(4) Donc, c'est «d'être» et de «ne pas être» qu'il s'agit. Puisqu'il s'agit de l'abeille, qu'elles en sont les conséquences ? Des conséquences terribles ; de survie ou de mort ! Selon que l'abeille vit ou meurt, l'univers en est conditionné : il «vit» à son «souffle», et «en meurt» à sa mort ! Comment ? Et pourquoi ? Selon Maurice Maeterlinck : «Nous devons probablement la plupart de nos fleurs et de nos fruits (à l'abeille) : (on estime, en effet, que plus de cent mille espèces de plantes disparaîtraient si les abeilles ne les visitaient point) et, qui sait ? notre civilisation même, car tout s'enchaîne dans ces mystères…»(5) C'est donc pour leur permettre de «visiter les plantes» que Dieu leur a enjoint «prenez des demeures dans les montagnes, les arbres et les treillages», qu'il existe entre les espèces une interdépendance ; que chaque créature a son sens, son rôle, et partant sa raison d'être. Le Saint Coran et la science sont en parfaite symbiose. Et Dieu n'a pas manqué de le rappeler moult fois : «C'est le livre au sujet duquel il n'y a aucun doute…», Sourate 2 La Vache, verset 2. «Il a fait descendre sur toi le Livre avec la vérité», sourate Al Imrane 3, verset 3. Pourtant, il suffit que la découverte soit faite par la science (sont concernés ici que les faits scientifiques établis) pour que tout le monde y croie ; seulement, si d'aventure, l'on dit que cette découverte est déjà révélée, au VIIe siècle, dans le Saint Coran, il y a risque d'encourir les foudres de l'incrédule : le verset coranique relatant le fait scientifique est dénié et persiflé ! Quels sont les persifleurs ? Ils sont si nombreux que nous nous contentons seulement de signaler une seule catégorie : les intellectuels de tout bord, particulièrement de l'Occident. Ils sont blâmables de ne pas faire l'effort d'établir la corrélation entre le Saint Coran et la science. Pourtant le premier verset révélé est «Iqra» (Lis) qui, précisément fait référence à la science. Dans le cas qui nous intéresse, le cas de l'abeille, le verset coranique sera dénié et persiflé, la citation d'Einstein agréée, même si tous deux véhiculent le même sens, se confondent et ne font qu'un ! Et de grâce, après cela, que l'on ne vienne pas, nous rebattre les oreilles de l'honnêteté intellectuelle ! Notes de renvoi : 1) In dictionnaire Larousse des citations (1989) 2) In La vie des abeilles p. 10 M. Maeterlinck, édition Fasquelle. 3) In La vie des abeilles M. Maeterlinck, édition Fasquelle. 4) In dictionnaire Larousse. 5) In La vie des abeilles p. 218, M. Maeterlinck, édition Fasquelle.