Ainsi, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré, hier, que l'Orient et l'Occident devraient œuvrer ensemble pour éteindre la «flamme malveillante» de la crise déclenchée par la publication de caricatures du Prophète. «Ce n'est pas le moment pour une confrontation entre l'Orient et l'Occident», a dit M. Moussa dans une allocution au Forum économique de Djeddah, en Arabie Saoudite, et auquel ont pris part l'ancien chancelier allemand, Gerhard Schröder, et la présidente irlandaise, Mary Mc Aleese. M. Amr Moussa ajoute : «Laissons cette affaire derrière nous et travaillons ensemble pour éviter qu'elle se répète.» M. Schröder a appelé, à cette occasion, les pays européens à faire preuve de davantage de sensibilité à l'égard de l'Islam. La présidente irlandaise, elle aussi, a condamné la publication de ces caricatures, mais elle a mis l'accent sur la nécessité d'une forme de protestation pacifique. De son côté, le haut représentant de l'Union européenne (UE) pour la politique étrangère, Javier Solana, est attendu, aujourd'hui, à Djeddah, pour rencontrer le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), le Turc Ekmeledin Ihsanoglu, afin d'essayer de désamorcer la crise. Dans la même optique, le Danemark a fait appel à la Malaisie, présidente de l'OCI, pour apaiser la colère suscitée par ces caricatures dans le monde musulman. A Paris, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubekeur, a affirmé, hier, sa volonté d'épuiser toutes les voies du droit contre les journaux français qui ont publié des caricatures du Prophète Mohamed (QSSSL). «La justice est un long chemin avec toutes sortes d'étapes et une voie qui n'est pas aisée, mais c'est la seule. Donc nous utiliserons toutes les voies du droit, de la loi, avec des appels si nécessaire», a-t-il déclaré. «Nous essayons toutes les voies de droit en France, mais si, au bout du chemin, on n'avait pas encore notre raison, certains ont même parlé d'aller devant les instances européennes», a ajouté le recteur de la Grande mosquée de Paris. Les douze caricatures, parues initialement en septembre dans le quotidien danois Jyllands Posten, ont été publiées par France Soir et l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. En Suisse, la ministre des Affaires étrangères a appelé, hier, à davantage de respect envers les musulmans en relevant que la liberté d'expression avait des limites. «La liberté d'expression et celle de la presse sont un bien précieux», a-t-elle dit avant de répliquer : «Mais elles ont, non seulement des limites légales, mais aussi des limites éthiques, là où elles commencent à blesser la dignité humaine d'autres personnes.» Par ailleurs, l'Inde s'est dit «profondément inquiète quant à la controverse grandissante suscitée par la publication des caricatures qui offensent la communauté musulmane». L'Iran, pour sa part, a rejeté les accusations américaines d'instrumentaliser la colère des musulmans après la publication de ces caricatures. Téhéran demande au Premier ministre danois de présenter des excuses pour mettre fin aux protestations. En Turquie, 50.000 personnes ont manifesté, hier, pour protester contre la publication de ces caricatures attentatoires au Prophète et à l'Islam. Au Danemark, un sondage, paru hier, a montré que l'extrême droite sort renforcée de la crise provoquée par les caricatures. Ainsi, le Parti du peuple danois (PPD, extrême droite) enregistre une très forte poussée avec 17,8% des intentions de vote. A signaler que trois ambassades du Danemark (Syrie, Iran et Indonésie) ainsi que deux consulats généraux (Liban et Tunisie) ont été fermés.