«L'accord de principe et l'intention (de participer à un gouvernement de coalition) sont là, mais nous devons nous entendre sur le programme», a déclaré Azzam Al Ahmad, chef du groupe parlementaire du Fatah, à l'issue d'une rencontre à Ghaza avec une délégation du Hamas. «Notre intention de principe au sein du groupe parlementaire du Fatah est de participer (au gouvernement), mais il faudrait trouver un accord sur le programme», a-t-il ajouté. «Si nous parvenons à un accord, nous participerons. Sinon, nous serons une opposition constructive», a-t-il poursuivi. Mahmoud Al Zahar, qui a conduit la délégation du Hamas aux discussions, a, pour sa part, affirmé que «tous les partis, y compris les frères au Fatah ont l'intention de participer au gouvernement». «Nous avons convenu de poursuivre les discussions» à ce sujet, a-t-il ajouté. Ce qui relève du possible, puisque le Hamas et le Fatah ne retiennent que leurs convergences. C'est en ce sens qu'a eu lieu hier la première rencontre entre les deux mouvements palestiniens. En effet, des responsables du Hamas et du Fatah ont eu hier des discussions à Ghaza sur la formation d'un gouvernement palestinien de coalition dirigé par ce mouvement. La rencontre s'est déroulée à la maison de Mahmoud Al Zahar. La délégation du Fatah était conduite par Azzam Al Ahmad et comprenait également le secrétaire général du mouvement dans la bande de Ghaza, Ahmad Helles et trois de ses députés du CLP. Le leader palestinien, Mahmoud Abbas, lui-même du Fatah, a formellement chargé mardi un chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, de former le prochain gouvernement. Selon une source à la présidence de l'Autorité palestinienne, M. Abbas appelle dans la lettre de nomination le prochain gouvernement à respecter les accords israélo-palestiniens passés et le principe d'un règlement négocié basé sur deux Etats, la Palestine et Israël. M. Haniyeh a fait savoir que le Hamas tiendrait des consultations avec les autres partis palestiniens, y compris le Fatah, en vue de former un gouvernement de «coalition nationale». Des partis minoritaires comme le FDLP et le FPLP (Fronts démocratique et populaire de libération de la Palestine) auraient déjà donné leur accord. Et Farouk Kaddoumi, qui a convoqué un conclave post-électoral de son mouvement, a clairement laissé entendre que la coalition était possible. Ce qui prouve tout l'intérêt de ces consultations, elles-mêmes répondant à des urgences. Comme celles liées aux groupes armés. Certains de leurs hommes ont brièvement occupé, hier, le siège de la préfecture de Rafah dans le sud de la bande de Ghaza, réclamant le départ du préfet récemment nommé, ont indiqué des témoins. Les hommes armés des Brigades Al Yasser, liées au mouvement Fatah, voulaient ainsi obtenir le départ du préfet Zohdi Al Qidra et son remplacement par un préfet originaire de Rafah, ont indiqué les mêmes sources. L'occupation de bâtiments officiels par des hommes armés pour protester contre des mesures prises par l'Autorité palestinienne ou réclamer des soldes est devenue une pratique courantes ces derniers mois dans la bande de Ghaza. C'est dans ce contexte qu'intervient Israël pour perturber la scène palestinienne et pousser au pourrissement. Un enfant palestinien a été blessé, hier par des éclats d'obus dans un bombardement de l'artillerie israélienne dans le nord de la bande de Ghaza, ont indiqué des sources médicales et des témoins. Ismaïl Choueider, 4 ans, a été touché par des éclats au visage, lorsqu'un obus tiré par l'artillerie israélienne s'est abattu sur un complexe résidentiel dans la localité de Beit Hanoun, selon ces sources. L'artillerie israélienne bombarde régulièrement depuis fin décembre une «zone interdite» qu'elle a décrétée dans le nord de la bande de Ghaza pour empêcher les tirs de roquettes palestiniennes sur le territoire israélien, selon la version servie habituellement, mais c'est surtout pour tracer une nouvelle frontière et imposer un climat de terreur. Les Palestiniens ont accusé hier Israël de dénoncer un accord conclu en mars 2005, qui transférait le contrôle sécuritaire de Ariha, en Cisjordanie à l'Autorité palestinienne, après que l'armée israélienne eut rétabli des barrages aux entrées de la ville. L'armée israélienne a rétabli les contrôles au barrage dit du DCO, à l'entrée sud de Ariha, sur la route principale la reliant à El Qods et réinstallé le barrage d'Al Douyouk au nord-ouest de la ville sur la route menant à Ramallah. Le premier barrage avait été désactivé et le second démantelé en mars 2005 en application de «l'accord de Ariha» aux termes duquel Israël avait transféré à l'Autorité palestinienne des responsabilités sécuritaires dans la région. «Israël ne nous a pas officiellement informés qu'il annulait l'accord de Ariha mais les mesures prises sur le terrain reviennent au même», a déclaré le général Kamal Al Qaddoumi, chef des services de sécurité dans cette région. C'est un autre fait accompli, comme il y en a tant dans la politique israélienne. Aucune voix pour la dénoncer, même pour l'enfant IsmaÎl Choueider. Ou Encore le bombardement d'une zone civile. C'est cela l'indignation sélective.