Après les sachets noirs mis à la disposition des fidèles à l'entrée de nombre de mosquées, la nidhara veut innover pour mettre fin au phénomène du vol des chaussures au niveau de certains lieux de culte. Pour que le fidèle n'ait plus un œil qui lorgne sa paire de grolles et l'autre rivé sur la bonne parole de l'imam, on pense à mettre en place des boîtes à clef pour sauver ses godasses, l'espace d'une communion dans la maison de Dieu. « Quelle époque vivons-nous ! », me lance l'air dépité un vieillard qui ne saisit pas ce phénomène de chapardage commis a fortiori dans des endroits sacrés. Un type de tentation qui n'a de cesse de prendre de l'ampleur dans un pays où l'Islam est censé nous mettre à l'abri. Il est même suggéré aux fidèles de ranger leur chaussure éloignée de sa « sœur » pour dérouter les kleptomanes sans scrupule qui rôdent dans les « massadjid » comme des rats d'hôtel. A croire que le nombre de fidèles est exponentiel avec celui des « racketteurs » de souliers dans nos cités, tant le vice prend des proportions aussi inquiétantes que scandaleuses. Dans une des mosquées à Baraki, un ami m'apprend qu'un fidèle s'est constitué en vigile pour secouer les dormeurs invétérés et débusquer surtout, lors de l'accomplissement des cinq prières, les éventuels maraudeurs qui sévissent sournoisement comme s'ils étaient dans un verger, prêts à le dépouiller. J'ai honte parfois de faire cet amer constat qu'un tel sacrilège soit commis dans la mosquée que d'aucuns assimilent, faut-il le souligner, à une véritable foire, un marché, un café, voire une kermesse... J'ai eu l'honneur de visiter nombre de mosquées dans certaines villes de pays voisins de l'Est, de l'Ouest ainsi que dans d'autres contrées des pays d'Orient. Je n'ai pas vu ni croisé ni eu vent de ce genre de larcin ou perçu une quelconque appréhension des prieurs dans la maison de Dieu qui reste un endroit sacré : un havre de paix dédié à la prière. Un lieu où l'on fait un retour sur soi en se recueillant dans le calme et la sérénité.