La Halde a donné raison jeudi dernier aux médecins titulaires d'un diplôme hors des pays de la Communauté européenne. C'est la première décision rendue par cette autorité, installée par le président Chirac et coordonnée par l'ancien PDG de Renault, Louis Schweitzer. Ce dernier a demandé au ministre de la Santé et de la Solidarité «de bien vouloir prendre, d'ici à quatre mois, les mesures nécessaires afin de mettre un terme aux différentes inégalités de traitement et de statut» dont sont victimes près de 7000 médecins. Pour Madjid Si Hocine, président du syndicat des praticiens à titre extracommunautaire (SMPLUS), cette décision constitue une énorme avancée. «Maintenant, nous ne sommes plus les seuls à dire qu'il y a discrimination. Non seulement, la Halde conforte notre position, mais confirme la discrimination institutionnelle exercée par l'Etat français à notre égard. «Encouragé par cette décision, le président du SMPLUS veut continuer à porter le message des médecins étrangers et maintenir la mobilisation.» Nous continuerons à sensibiliser les différents syndicats médicaux français ainsi que l'ordre des médecins. Nous attendons également des propositions du ministre de la Santé et du plus haut sommet de l'Etat. Plutôt prudent, M. Anani, président d'un autre syndicat engagé pour la même cause, se réjouit certes de «la manche gagnée», mais se demande, «si le ministère de la Santé va traduire en fait la décision prise par la Halde». Il compte énormément sur la réunion du 23 mars avec l'ensemble des acteurs de la crise, notamment le ministère de tutelle, pour enfin leur faire admettre le caractère discriminatoire de leur statut. «C'est une bonne chose de voir la Halde nous donner raison, mais cela ne règle pas tout.» Depuis plus d'une année, les médecins titulaires de diplômes hors Union européenne se battent pour que leur statut soit reconnu légalement et pouvoir s'inscrire à l'ordre des médecins, avec l'obtention des rémunérations identiques à celles offertes aux praticiens français. Ces mêmes médecins aux diplômes étrangers font un travail analogue à celui de leurs confrères diplômés en France. Parfois même plus. Ce qui a amené la Halde à constater que «c'est dans l'exploitation qui est faite de leur absence de statut, alors mêmes leurs responsabilités concrètes sont identiques, que la discrimination à leur égard se trouve». Alors que l'année 2006 a été déclarée en France «Année de lutte contre toutes les discriminations», allons-nous voir le ministère de la Santé donner vie à ce slogan défendu par Jacques Chirac lui-même ?