Les représentants des trois syndicats de praticiens étrangers en France ont qualifié de « décevantes » les solutions proposées par leur tutelle concernant la régularisation définitive du statut d'environ 7000 professionnels de la santé extracommunautaires. L'une des voies consiste à demander « à tous les praticiens arrivés en France avant 1999 de passer un examen d'admission, sans que le ministère de la Santé applique la politique des quotas », a précisé Elisabeth Sow Dione, présidente de l'Association des médecins français à diplôme extracommunautaire (AMFDEC). Lors d'une conférence de presse organisée lundi soir à Paris, la même représentante a jugé cette proposition « aberrante, d'autant plus qu'elle touche des professionnels expérimentés, ayant exercé leur métier dans les hôpitaux français depuis au moins une dizaine d'années ». Convaincue que le gouvernement de droite est incapable de déminer la situation, l'interlocutrice a qualifié l'Etat français d'« esclavagiste, car il veut faire travailler une main-d'œuvre qualifiée à bas prix ». « Nous avons usé trois ministres de la Santé et négocié pendant dix-huit mois sans que cela débouche sur une solution concrète et acceptable pour tous. Toutes les propositions que nous avons faites n'ont servi à rien. Nous n'avons récolté que mépris et déceptions », se désole-t-elle. Le même sentiment qui règne chez Talal Anani, président du Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne (SNPADHUE), pour qui « la rue et la mobilisation de l'opinion publique restent les seuls recours possibles pour mettre fin à cette injustice criante et discriminatoire ». Passé donc le temps de la déception, voici venue l'heure de la mobilisation. Selon Madjid Si Hocine, président du syndicat Médecins Plus, plusieurs manifestations sont prévues à Paris. La première est annoncée pour mercredi prochain devant le siège de l'Assemblée nationale sous le thème « A quand l'intégration et l'égalité des chances ? ». Le mouvement compte, par ailleurs, renouer avec « le piquet de grève hebdomadaire et déployer des efforts palpables pour gagner le soutien des malades à travers la stratégie du consentement éclairé du patient ». Cette démarche consiste à demander à chaque patient, à l'issue de la consultation, « s'il ne trouvait aucun inconvénient à ce qu'il soit soigné par un médecin qui n'a pas le droit de travailler en France ». Un moyen, selon les représentants des trois syndicats, « d'élargir les cercles de soutien et de rallier les malades à leur cause ». Un appel à signature sous l'angle de la « restauration de l'égalité républicaine » va être également lancé par voie de l'internet. C'est une forme de pétition dont le but est de récolter un maximum de soutien à travers toute la France. La mobilisation atteindra son sommet avec une marche nationale de protestation programmée pour le mois de mars à Paris. « Nous comptons sur le soutien de l'opinion », espèrent les représentants des syndicats, qui rient jaune de « voir le gouvernement mesurer tardivement l'ampleur de la situation, alors qu'il sait que nous travaillons depuis des années d'une façon illégale dans les hôpitaux ».