Le secteur de la santé se porte mal et les mouvements de débrayage cycliques et illimités le montrent chaque jour. En cette période de campagne électorale, les fonctionnaires du corps de la santé publique ont décidé, à leur manière, de faire leur propre « campagne au nom de la dignité ». En effet, les professeurs docents et maîtres assistants en sciences médicales ont fini, « face au mépris des pouvoirs publics », par mettre à exécution leur menace de grève. Ils ont emboîté le pas aux praticiens de la santé en entamant, hier, un mouvement de grève de trois jours renouvelables ainsi qu'une grève illimitée des examens et concours. De son côté, le Syndicat national algérien des psychologues a opté pour une grève de cinq jours qui débute aujourd'hui. Hier, le responsable du Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales (SNPDSM) et celui du Syndicat national des maîtres assistants en sciences médicales (SNMASM) se sont réjouis du taux de suivi de leur action, qui aurait dépassé les 80%. « Les collègues des hôpitaux de toutes les wilayas ont adhéré à notre mot d'ordre de grève, à l'exception de ceux du CHU de la wilaya de Tlemcen dont les personnels médicaux ont tous été réquisitionnés en raison de la visite du candidat Bouteflika dans cette région ! », a souligné le Dr Djidjeli, secrétaire général du SNPDMS, qui précise qu'après le départ du président, les hospitalo-universitaires ont rejoint la protesta. Sur le terrain, l'on constate qu'un service minimum est respecté. C'est ainsi que rares ont été les services opérationnels à 100%. « Tous les laboratoires, les services de radiologie, les consultations ont été paralysés. Les médecins se sont occupés uniquement des cas lourds et urgents. La majorité écrasante des hospitalo-universitaires a été solidaire et ce, en dépit des multiples pressions et intimidations », a affirmé notre interlocuteur, qui affirme que le syndicat ne reculera pas tant que ses revendications légitimes ne sont pas prises en charge. La justice a pourtant sévi. Un gréviste nous confie à demi-mot que la justice a décrété leur action illégale. Interrogés sur la question, les initiateurs du mouvement démentent l'information. « Nous n'avons reçu aucune notification de la justice, ce qui implique que notre grève se poursuivra comme prévu jusqu'à demain. Nous tiendrons par la suite une réunion pour décider de la date de la prochaine action de protestation », a soutenu Dr Djidjeli. Pour sa part, le ministre de la Santé, M. Barkat, reconnaît effectivement que les revendications des deux syndicats sont légitimes. Toutefois, il dégage toute responsabilité. « Si le ministre de tutelle qui fait partie d'un gouvernement algérien est dans l'incapacité de régler notre problème, qui donc est en mesure de le faire ? A qui doit-on s'adresser ? », s'est interrogé notre interlocuteur qui rappelle que ce sont, entre autres, ces raisons qui ont poussé les syndicats autonomes à recourir à des grèves répétitives. A rappeler que les deux syndicats revendiquent l'augmentation de la rétribution liée aux activités de santé des hospitalo-universitaires. En outre, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) tiendra une réunion demain pour décider de la démarche à suivre après un mois de grève. « Au moment où l'Etat algérien se plaint de la fuite des cerveaux vers des horizons meilleurs, les praticiens qui ont opté pour une santé publique performante regrettent que leurs revendications purement sociales ne trouvent aucun écho auprès des décideurs du pays », précise le président du SNPSP. Ce syndicat menace de durcir le ton en optant pour une démission collective. M. Bensebaïne, président du conseil national de ce syndicat, a qualifié le mouvement de débrayage « spécialistes » et « généralistes » qui boucle les 30 jours de « réussite totale », tout en condamnant « le comportement des autorités qui ont usé de tous les moyens, non pas pour tenter de comprendre leur cri de détresse, mais plutôt pour les faire taire ». Par ailleurs, le syndicat des psychologues dénonce la violation par les pouvoirs publics du principe d'égalité dans le classement des qualifications et des diplômes nationaux.