Tous les soirs, juste avant le 20h, vous ne le manquerez pas, le nouveau clip de Baâziz, Bladi, un joli spot signé Djaâfar Gacem (Nass Mlah City, Mawîd maâ el qadar, Jamaî Family…). Dès sa diffusion, une polémique a éclaté. Certains ont accusé Baâziz de jouer le jeu du pouvoir, de cautionner une élection aux résultats tripatouillés d'avance. Baâziz s'en défend. « Je ne soutiens aucun candidat », n'a-t-il de cesse de marteler comme un proscrit clamant son innocence orbi et urbi. A la décharge du chanteur, il est vrai qu'en écoutant le texte, à aucun moment Baâziz n'appelle les Algériens à voter, encore moins à voter Boutef. Icône de la protest-song algérienne, Baâziz a péché par naïveté (ou par manque de lucidité) en pensant que l'ENTV n'allait pas utiliser le clip dans sa campagne contre l'adversaire le plus redoutable de cette élection : le candidat « abstention ». L'ENTV, bras séculier de la communication officielle, concocte ce clip en jouant sur la crédibilité de Baâziz et le talent artistique de Djaâfar Gacem, une manière d'injecter du sang frais dans sa propagande en faveur du vote. Et pour ne pas changer, le thème de l'amour du pays et « tutti khorti » est exploité à fond pour culpabiliser tous ceux qui seraient tentés de bouder l'urne le 9 avril prochain. Pendant ce temps, une drôle de rumeur court dans les nuits d'Alger : la fermeture de La Voûte, une boîte branchée de la Pêcherie, serait en partie due à une prestation du même Baâziz qui aurait copieusement brocardé les généraux dans l'une de ses chansons undergroundistes.