Que ce soit Djaâfar Aït Menguelet ou Baâziz, chacun, dans son style, a enflammé le public. Lorsqu'un Baâziz se produit dans une salle, il faut ouvrir grand les yeux et surtout écouter. C'est qu'avec ce «ouled» de Cherchell on ne s'amuse pas! Et vas-y qu'on renforce le service de sécurité pour pallier tout débordement et éviter tout dépassement ou éventuel dérapage. Cela n'a pas eu lieu, en tout cas, lundi après-midi, à la salle Ibn-Zeydoun de Riad El-Feth. En 15 ans de carrière, Baâziz en a vu et en a fait voir de toutes les couleurs par son verbe acerbe et sa langue qui ne mâche pas ses mots. Pour l'heure, Bâaziz est revenu, après deux ans d'absence ou plus, par la «grande» porte, mais avant d'apprécier sa musique, une première partie du spectacle est cédée à un jeune chanteur kabyle promis à un brillant avenir comme son père. Il s'agit de Djaâfar Aït Menguelet, digne fils de son père qui du haut de ses 28 ans, a su enflammer le public, dès les premières notes entonnées par son orchestre et notamment le bendir. L'artiste enchantera l'assistance par des chansons au rythme entraînant et remuant qui fera bondir de leur siège les plus mordus de la musique kabyle pour danser gaiement. Musicien et interprète, Djaâfer a pas mal accompagné à ses débuts, son père, lors des tournées. Il a, par ailleurs, un album dont il interprètera les plus beaux titres, tous écrits par son père dont Ayoul le plus connu du public car il passe souvent en clip à la télé. Dans la même lignée que Takfarinas ou Rabah Asma, cependant, avec un cachet qui lui est propre, Djaâfar a mis vraiment du baume au coeur du public. Parmi ce dernier, on pouvait, ainsi, remarquer la présence de son père venu encourager son fils, la mère de Baâziz venue, elle aussi, s'enorgueillir de la performance de son fils, en écarquillant les yeux de fierté, la chanteuse kabyle Karima, sans oublier le «voyou» de la caricature en la personne d'Ali Dilem venu saluer son ami Baâziz. Après Djaâfar Aït Menguelet place à Dido qui, en attendant le passage de celui qui se faisait désirer mettra un peu d'ambiance avec deux titres de la même veine: houmiste que Baâziz: Ya hasrah Al Assima et rihet el bled, un clin d'oeil à Radio El-Bahdja. Dix minutes de pause et voilà la star Baâziz qui fait une entrée triomphale sous une salve d'applaudissements et de youyous. Avec la casquette toujours vissée à la tête, pull marin sous une veste qu'il n'hésitera pas à enlever pour se sentir à l'aise, harmonica et guitare à la main, Baâziz n'a pas changé malgré ses 40 piges, l'allure toujours jeune, fidèle à lui-même et surtout à son sens inné de la provoc. Bâaziz déchaînera la foule avec ses tubes inusables des plus anciens aux plus récents. Il occupera la scène avec son éloquence sarcastico-engagée, sa dégaine improvisée à la Elvis Presley, très drôle mais tellement vrai en racontant les malheurs du peuple «El Guelil» avec un humour et une tendresse propres à lui. Pourfendeur tour à tour du système corrompu, El Bandeya, de la mafia politico-financière et même des dernières élections législatives, «sujet qui a fait l'actualité», tout passe au crible de Baâziz; des sujets des plus graves aux plus légers tel l'amour à la sauce algérienne...Ce dernier établira une véritable communion avec son public qui s'identifiera pleinement à ses chansons et surtout à la narration de son vécu et de son quotidien. La fête et la joie de vivre étaient véritablement au rendez-vous!