Aujourd'hui, ces zones d'habitation urbaines, qui ont pris la forme de cité-dortoir et ont permis d'éradiquer l'habitat précaire, sont devenues un espace où le laisser-aller a pris le dessus. Lemrahna, la cité des 40 Logements, est dans un état de dégradation avancé. Les quatre immeubles qui en constituent l'ossature gardent toujours les stigmates du dernier tremblement de terre de 2000. L'état des lieux se résume en des cages d'escalier fissurées, des mûrs lézardés, des piliers dégarnis de leur revêtement par les eaux pluviales, de la peinture effacée et des marches d'escalier défoncées. A cela s'ajoute la dégradation du réseau d'évacuation des eaux usées qui laisse déverser un liquide jaunâtre du haut des plafonds de ce qui est censé être des locaux commerciaux et dont la construction qui reste à faire n'est toujours pas à l'ordre du jour. Pour le moment, le lieu est essentiellement réduit à des parterres occupés par des flaques d'eau dans lesquelles pataugent des enfants. En plus des odeurs nauséabonds qui s'y dégagent, ce sont des essaims de moustiques qui y font leur apparition et constituant des vecteurs certains de maladies. Selon un des habitants de cette cité : «Depuis leur inauguration en 2000, ces deux cités n'ont connu aucun ravalement de façade ni un embellissement quelconque. Même la niche à ordures n'a pas échappé à la destruction». Notre interlocuteur en veut non seulement aux colocataires dont il dénonce l'incivisme mais aussi aux gestionnaires des immeubles qui «ont brillé par leur absence». La cité des 50 Logements, connue sous le nom de Ibouhammaden, n'est pas mieux lotie. Un locataire a changé l'accès à son logement situé au rez-de-chaussée en improvisant une ouverture donnant sur un espace qu'il a grillagé. Dans la cité, d'autres trouvailles aussi insolites. En effet, en plus des fenêtres «grossièrement» barreaudées, ce sont de nouvelles ouvertures d'aération qui sont créées quand ce ne sont pas des balcons qu'on transforme en débarras à l'aide de taules et autres bâches.