« Mélodies colorées », tel est le titre de l'exposition de peinture du plasticien Mohamed Djenidi, qui se tient depuis samedi dernier à l'hôtel El Djazaïr (ex-Saint Georges) à Alger. Elle s'étend jusqu'à mardi prochain. La plupart des compositions s'inspirent des spectacles de la musique jazz. Elles sont marquées par ce caractère répétitif des figures à travers ces scènes de musiciens munis de leurs instruments, saxophone, batterie, entre autres. La figuration du corps humain obéit à la subjectivité de l'artiste. On relève dans certaines compositions la rapidité du mouvement et en d'autres des traits fignolés qui apaisent la figuration. Les formes sont simplifiées et en des toiles les couleurs en arrière-plan sont pures, empreintes de Paul Gauguin, cet artiste qui a influencé les nabis et les fauves. Cela dit, l'artiste éprouve de la prédilection pour l'expressionnisme. Les formes ne sont pas brimées par les contraintes académiques et ne traduisent que le nécessaire. Elles sont dotées de touches et traits prêtés au primitivisme, cet art influencé par les arts extra-européens comme celui de l'Afrique.Les couleurs et formes reflètent les « sentiments intérieurs » de l'artiste pour reprendre l'expression de Gustave Moreau. Elles offrent au regard des atmosphères que l'on rencontre dans les spectacles de jazz animés dans des sous-sols où la fumée, les volutes, les rythmes, la lumière sombre ou tamisée fusionnent en synergie pour métamorphoser l'émotion en extase ou béatitude. En d'autres compositions, les scènes de jazz ressuscitent des instants de quiétude dans des espaces qui dégagent une ambiance d'un havre de détente. « Depuis dix ans environ, la musique jazz constitue mon thème de prédilection. depuis longtemps, je collectionne des disques de jazz, des affiches et tout ce qui a trait à cette musique. Dans mes toiles, je traduis les émotions du moment, des atmosphères de ces spectacles de jazz des années 1940 et 1950. Comme un poète je compose en un seul jet, au point où j'arrive à réaliser cinq toiles en six semaines. Comme il m'arrive de rester des mois sans peindre. J'ai un penchant pour l'expressionnisme, comme je m'intéresse aux nabis et au fauvisme », relève l'artiste-peintre Mohamed Djenidi, rencontré sur les lieux de l'exposition.