Les cimaises de la galerie de l'hôtel ex-Saint-Georges sont ornées par les œuvres colorées de l'artiste-peintre Abdelmalek Cherid. Intitulée « Je te donne les différences dans l'unité », l'exposition du plasticien Abdelmalek Cherid comprend une quarantaine d'œuvres, oscillant entre la peinture à l'huile, l'aquarelle, la sculpture, le métal repoussé et la peinture mixte confondue. Les œuvres ont été réalisées entre 2007 et 2010. D'emblée, l'artiste tient à préciser que le titre de l'exposition est significatif à plus d'un titre. « Au sein d'une famille, explique-t-il, il y a des différences entre frères et sœurs. N'empêche, précise-t-il, que ces personnes qui s'entredéchirent ont une seule mère. C'est cela l'unité. » La peinture de Abdelmalek Cherid est le témoin d'une époque, de certains fragments de sa vie. En effet, le plasticien s'est inspiré des us et coutumes de sa chère région, Béjaïa. Il suffit de contempler ces œuvres pour comprendre que l'artiste a immortalisé des séquences de sa vie, parfois révolues à jamais. Dans la plupart de ses toiles, on retrouve des signes, des graphies en berbère ancien (tifinagh), et des symboles. Abdelmalek Cherid est convaincu que le fil berbère, le tatouage, la poterie, les symboles ne veulent pas dire la même chose dans toutes les régions. « C'est, explique-t-il, d'un ton passionné, une manière de rendre hommage à nos grands-mères qui nous ont laissé des trésors inestimables. » De sa culture, Cherid dévoile des intérieurs de maisons, la beauté ineffable de la nature, le retour des femmes de la fontaine et les poteries stylisées. L'artiste met l'accent sur les motifs des poteries. « Parfois, on vous donne à manger dans une poterie où on vous signifie que vous n'êtes pas le bienvenu. » Qu'elle soit affairée aux champs ou à la maison, la femme traditionnelle est omniprésente. Quand elle est estimée par sa belle-famille, elle est représentée par la lune, entourée d'étoiles, synonymes d'enfants. Le regard est happé par une grande toile à la technique personnalisée, intitulée Périodes. L'espace est compartimenté en petits carrés colorés où le signe berbère occupe une place de choix. Le support est fabriqué à base de toile de jute qu'il transforme en toile artistique et ce, avec ses propres techniques et matériaux. « Ce sont des carrés que l'on retrouve en Kabylie dans les tissages et le triangle. » Les tableaux de petit format, intitulés Le Tergui, Les bijoux berbères et Les portraits, le plasticien utilise la technique du métal repoussé. La palette de Cherid est plus colorée, cependant, une préférence pour les tons bleu, rouge et vert se laisse entrevoir en filigrane. Abdelmalek Cherid est un autodidacte qui, à ses débuts, se plaisait à se cantonner dans les reproductions avant d'aller vers la création personnelle. Il est né en 1949 à El Flaye, tout près de Béjaïa, en Kabylie. Il grandit au sein d'une famille qui encourage son attirance pour la musique, les arts plastiques et l'écriture. Son don pour le dessin se fait remarquer très tôt. A l'adolescence, il découvre les musées et les galeries à Alger et Béjaïa. C'est à cette période qu'il décide de se lancer dans la peinture. Il expose pour la première fois en 1980, avant d'organiser d'autres expositions à travers plusieurs wilayas du pays et à l'étranger. Il est le récipiendaire de plusieurs prix et médailles. Il est à noter qu'après son exposition à l'hôtel ex-Saint-Georges, l'artiste fera une autre halte au niveau de l'hôtel El Aurassi, du 1er au 15 mars, pour une exposition intitulée « Le printemps ».