Après plusieurs années de tiraillements et de tension nourrie par les travailleurs, le sort de la Cotonnière de Tizi Ouzou (CTO) est sur le point d'être ficelé. Confrontée à d'énormes difficultés financières qui se sont matérialisées par un fardeau de 1,2 milliard de dinars de dettes, cette entreprise publique économique (EPE), qui est l'un des derniers remparts de l'industrie textile en Algérie – et aussi l'une des rares entreprises publiques encore en activité dans la région de Tizi Ouzou – est désormais dans la ligne de mire du gouvernement. Intervenant récemment sur les ondes de la radio, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, nourrissant la conviction que la filière textile en Algérie ne peut plus être sauvée « face aux Chinois », a évoqué l'option de la conversion de la CTO vers une autre branche d'activité, sans dire laquelle. « A partir du moment où la main-d'œuvre et l'infrastructure existent, il serait mieux de convertir la CTO vers d'autres activités », avait déclaré M. Ouyahia, qui n'écarte pas que cette opération puisse toucher les 14 complexes de l'industrie textile qui subsistent encore à travers le pays. Il convient en tout cas de souligner que depuis sa création en 2001 sur le site de l'ex-Cotitex, à Draâ Ben Khedda, après la dissolution de cette dernière, la CTO a du mal à consolider sa position sur le marché. Sur les 2500 travailleurs qui constituaient l'effectif de l'entreprise en 2001, aujourd'hui, il n'en reste que 570. Les retards qu'accuse le paiement des salaires ont suscité à maintes reprises la colère des travailleurs. En 2003, le personnel de la CTO a été soumis au chômage technique pendant 18 mois et deux fois pendant 6 mois, en 2004 et 2006. Récemment, le PDG de la CTO, M. Illoul, tout en regrettant la négligence de la filière textile par les pouvoirs publics, a fait état d'une ligne de crédit pour l'acquisition, durant l'exercice 2009, de la matière première (l'importation du coton) que la BNA a accordé à la CTO. Cependant, un plan de redressement interne, qui devait s'étaler sur la période 2008-2012, a été soumis par la direction de l'entreprise à la SGP industrie manufacturière, mais cette initiative est restée sans suite. Les travailleurs de la CTO ne doutent plus de la volonté du gouvernement à pousser cette entreprise à la fermeture. Reste à savoir vers quelle activité sera reconvertie la CTO.