« La CTO, déclarent-ils, peut s'en sortir et la demande nationale de textile dépasse ses capacités de production. » L'entreprise (CTO) a 70 milliards de centimes de créances qu'elle n'a pas encore récupérés. La cotonnière de Tizi Ouzou (CTO), filiale du groupe Texmaco, est au milieu du gué depuis quelques mois et son personnel, près de 900 employés rescapés de la restructuration de la filière du textile, risque le chômage dans les tout prochains jours. Selon les déclarations des syndicalistes UGTA ayant animé une conférence de presse samedi dernier, au complexe textile de Draâ Ben Khedda, « la CTO vit une situation paradoxale. D'une part, depuis cinq mois, elle n'est plus approvisionnée en matière première, le coton, alors qu'en plein régime, ses ateliers en consomment quotidiennement 14 tonnes. D'autre part, elle vient de décrocher un plan de charge d'un montant de 53 milliards de centimes, mais risque de ne pas pouvoir l'honorer ». Les conférenciers précisent : « Le PDG, lui-même, n'arrive pas à débloquer cette situation étant donné que l'opération d'approvisionnement est centralisée au niveau de la SGP. » Selon des indiscrétions, il serait même question que ce PDG démissionne lors du conseil d'administration prévu aujourd'hui. Fustigeant le président de la SGP, les orateurs affirment qu'il « refuse toute rencontre officielle avec le partenaire social autour de ces problèmes ». Dans un courrier datant du 20 juin 2005, adressé au président du comité de participation de la CTO, le directeur des ressources humaines de cette entreprise avertit que « l'activité de l'entreprise risque d'être perturbée, à très court terme, par une rupture d'approvisionnement (...). La quantité de coton disponible au niveau de nos stocks a atteint un seuil critique, dans la mesure où elle ne représente que la consommation de sept jours de travail ». Le directeur des ressources humaines suggère dans sa missive de « faire avancer le congé annuel 2004-2005 ou mettre le personnel en activité au chômage technique dès la rupture de l'approvisionnement en coton ». Ce problème est aggravé par l'inexistence d'actes juridiques de la CTO. En effet, le conseil d'administration de la CTO note, dans une résolution datant du 29 mars 2005, que le financement du volet social (la CTO assure le salaire de 500 travailleurs de l'entreprise Cotitex, libérés dans le cadre de la réunification de ces deux filiales, mais non encore indemnisés) et l'établissement des titres de propriété n'ont pas été concrétisés tel qu'adopté dans les résolutions de l'assemblée générale extraordinaire du 25 septembre 2004. Pis, à cause de « la rupture des stocks de matières premières, l'entreprise risque la cessation d'activité à très court terme ». Le conseil d'administration relance, dans la même résolution, le groupe Texmaco pour lever cette hypothèque. Les syndicalistes, qu'ils soient de l'entreprise ou membres de l'union de wilaya de l'UGTA, sont unanimes dans leur constat : « Il y a une volonté délibérée de tuer la CTO. On veut démanteler le textile public en Algérie et le complexe de Draâ Ben Khedda en est le coup de test. Et si cela vient à être concrétisé, nous allons manifester dans la rue. Nous allons empêcher la liquidation de cette unité. » « La CTO, déclarent-ils, peut s'en sortir et la demande nationale de textile dépasse ses capacités de production. » Pour preuve, ajoutent les conférenciers, « avec cette importante commande (53 milliards de centimes), la CTO pouvait recruter 120 employés, et cela dès avril dernier ». Mais ceci ne s'est pas fait. Pis, la CTO a 70 milliards de centimes de créances qu'elle n'a pas encore récupérés, apprend-on.