Toujours en échec ; toujours puant le scandale ; toujours suintant la haine et la peur, le foot devient un élément essentiellement glauque et douteux dans le monde entier. Cependant malgré tous ces défauts qui le dénaturent, nous continuons à l'aimer le foot. Devenu professionnel à l'échelle planétaire, il s'est transformé en une grosse affaire, une industrie, quelque chose de cotée en Bourse, avec des joueurs payés d'une façon devenue de plus en plus grotesque. Immorale. Indécente. Pour les amateurs de ce sport, il est devenu difficile, voire honteux de l'aimer le foot. Comme toujours, là où il y a trop d'argent, les choses pourrissent vite et rancissent au-delà de l'insupportable. Il n' y a plus d'éthique ni de déontologie. L'argent du foot est, aujourd'hui et en soi, un vrai cauchemar. Une vraie saloperie Ces dernières semaines, on a parlé beaucoup de la retraite de Zidane, extraordinaire joueur que les Algériens ont bizarrement accaparé parce qu'il a des origines algériennes, dont il a l'air de s'en foutre comme de sa dernière pub qui a dû lui rapporter une grosse manne à rajouter aux autres mannes qu'il accumule et qu'il entasse. Pour nous Zidane est un joueur français, né en France et formé en France. Cet homme a honte de l'Algérie et c'est son droit d'avoir opté pour la France, le pays qui lui a tant donné et à qui il a tant donné. Mais Zidane ne parle jamais de l'Algérie. (C'est vrai qu'il a fait construire une maison pour son père en petite Kabylie et qu'il doit être un bon fils mais qui ne connaît pas le pays de ce même père, sympathique patriote, par ailleurs et qui a participé à la lutte de Libération nationale.) . Pour cela, il a délégué son brave homme de père qui lui est tellement passionné par son pays qu'il en est émouvant. Nous avons été surtout étonnés par le silence total et absolu de Zidane, pendant la décennie noire durant laquelle le peuple algérien dans son ensemble a été égorgé, violé, humilié et sadiquement torturé. A cette époque, nous attendions un mot, un geste de cet immense joueur surdoué et très beau gosse. Mais rien n'est venu ! Nous avions désespérément espéré qu'il dise un mot sur l'assassinat de Yamaha ou les assassinats perpétrés contre des entraîneurs, des responsables de clubs et même de certains joueurs de tous petits clubs, morts dans l'indifférence.Rien n'est venu. L'oracle Zidane n'a pas parlé ! Mais les Algériens ne sont pas rancuniers, parce qu'ils aiment trop le foot ? Peut-être… Mais pendant qu'on célébrait, déjà, la retraite de Zidane, qu'on découvrait les scandales financiers de certains clubs italiens (pour la millième fois) il s'est passé un événement très important, à nos yeux, dans le monde footballistique algérien, mais passé inaperçu, passé sous silence. Censuré presque ! Il s'agit de la victoire de l'équipe nationale féminine de football qui a remporté la coupe du monde arabe. Nos filles n'ont pas été accueillies par des masses en liesse comme ce fut le cas de la JSK à son retour triomphal de Casablanca. Ou comme ce fut le cas du NAHD, à son retour aussi triomphal de Dakar. Non, rien pour nos valeureuses filles. Mais, après tout quelle idée de jouer au football quand on est une fille ! ça ne fait pas sérieux. Cela doit même faire indécent. Nous, une petite poignée d'hommes et de femmes, nous avons été très contents de cette victoire de nos valeureuses footballeuses (est-ce que ce féminin est homologué dans les dictionnaires de la langue française. Nous n'en sommes pas si sûr. Car la langue est toujours codifiée par les hommes…) ; parce que pour une femme, il ne suffit pas de bien jouer au football pour être ( ou ne pas être !) reconnue, il faut surtout être courageuse, dans une société machiste et arrogante vis-à- vis de la femme. Pour ne pas dire : méprisante. Pour nous, la victoire de l'équipe nationale féminine de football ramenant la coupe arabe de Tunisie, pays organisateur, de surcroît, a été et de loin plus importante que la retraite de Zidane, les scandales financiers des clubs italiens ou que le recrutement, au forceps, d'un entraîneur étranger pour l'équipe nationale algérienne ( Zommes ! cette fois-ci) ; quelque peu méconnu et qui ne fera pas de vieux os dans notre pays, comme tous ses nombreux prédécesseurs, hélas ! Pour mémoire : Bravo, les filles.