Ils doivent toutefois faire preuve de prouesse pour se frayer un passage. Souvent, ils sont contraints de disputer la chaussée aux automobilistes qui eux-mêmes avancent par de brèves saccades. Les abords du stade Belhadad sont occupés par une catégorie de marchands informels étalant leurs marchandises constituées essentiellement de vêtements importés de Chine, d'articles de ménage, de vaisselle et autres babioles. «Dès les premières heures de la matinée, je vois certains marchands illégaux arriver à bord de véhicules utilitaires bondés de marchandises qu'ils étalent en toute quiétude sur les trottoirs», a affirmé Azziz, un habitant de la cité El Bahia. L'autre catégorie est celle des marchands de légumes et de fruits. Ils réservent à leurs camionnettes une bonne partie la chaussée. «Ils se sont arrogés un droit au stationnement. Ces véhicules, qui servent d'étalage de légumes et de fruits, sont immobilisés à longueur de journée de part et d'autre de la chaussée. Celle-ci se rétrécit et il n'en reste qu'une voie à peine suffisante pour le passage d'une automobile», a observé le même habitant. Des étals de fortune, protégés par des parasols, sont disposés en deux rangées. Des amoncellements d'immondices jonchent le sol tout en dégageant une émanation nauséabonde accentuée par la chaleur. «Même à midi, les vendeurs de poissons continuent d'être sollicités par des acheteurs tout à fait indifférents aux émanations fétides provenant des casiers entiers de sardines exposés au soleil et déposés à même le sol», a remarqué encore cet habitant. Et d'enchaîner : «Les produits laitiers, qui nécessitent une conservation à une température ambiante estimée à 6°C, sont exposés à l'air libre.» Un peu plus bas, les principaux accès conduisant à la cité El Bahia ne sont pas épargnés par ces camelots. «En sus du squat des espaces publics, de l'insalubrité, du bruit et des autres nuisances qui constituent notre lot quotidien, ces marchands nous ont évincés de notre quartier. Pour quitter ou rejoindre leur demeure, les résidants doivent faire tout un détour pour ne pas entendre des obscénités proférées sans vergogne par ces commerçants illégaux», a déclaré notre interlocuteur. A se fier à certaines déclarations, cette frange mercantile issue des zones périphériques a été évincée des environs immédiats des marchés de Bachedjarah, d'El Harrach et de Aïn Naâdja, qui ont atteint un point de saturation. Ces mercantiles ont essaimé vers Kouba, lieu idéal pour amasser des gains importants par le biais des ventes illégales. Les accotements de la station urbaine Les Néfliers ont été occupés par de menus trafiquants, dès la mise en service de celle-ci. «Ces marchandises, qui s'écoulent à Kouba par le biais du circuit informel, correspondent à un chiffre d'affaires estimé approximativement à 20 milliards de centimes par jour», a avancé le même interlocuteur qui est aussi financier de formation. Cette situation, bien que décevante pour l'ensemble des habitants de la localité, n'a pas suscité une véritable action de la part des pouvoirs publics. La seule intervention enregistrée se résume par une délocalisation forcée décidée à la veille de la tenue du Sommet des pays arabes à Alger, qui a eu lieu en mars 2005. Les commerçants informels avaient beau tenté d'occuper les lieux, mais les policiers étaient intransigeants. «Notre localité a renoué avec son lustre d'antan. Point de cohue. Les saletés et les mauvaises odeurs ont disparu. Mais cette situation favorable n'a duré qu'une période», a précisé notre accompagnateur. En effet, quatre mois après leur délocalisation, les marchands informels ont repris de plus belle. Ils ont de nouveau réinvesti les lieux pour assurer leurs ventes. En conséquence, les mêmes désagréments ont réapparu. «Présentement, notre commune est enlaidie. Toutefois, je n'exclut pas une intervention de la part du wali délégué de la circonscription de Hussein Dey qui a déjà initié des actions en faveur de la ville de Kouba», a conclu Azziz, ancien habitant de la cité El Bahia.