L'opération de réhabilitation des espaces publics, lancée depuis plusieurs semaines à Béjaïa, fait d'importants « dégâts collatéraux ». Si le gros de la population a applaudi le balayage par la force publique des trottoirs squattés et des aires annexées par des commerçants, il n'en est pas de même pour les opérations qui ont ciblé la périphérie des immeubles d'habitation. C'est le cas notamment dans la cité Sidi Ahmed, l'une des plus importantes au niveau de la ville. Au courant de cette semaine, de gros engins de la commune ont été réquisitionnés, non pas seulement pour mettre à terre des clôtures érigées par les habitants aux alentours des immeubles, mais aussi pour abattre des citronniers, néfliers et autres arbustes ornementaux constituant les espaces verts aménagés sur initiative des riverains. « Nous avons pris l'initiative de faire les aménagements dans le voisinage, parce que tout simplement, et depuis l'attribution de ces logements, aucune autorité, communale ou autres, n'avait pris l'initiative de le faire. Des espaces verts, du moins à notre connaissance, étaient pourtant prévus dans les plans de réalisation », explique un citoyen, la mine désolée devant les gros gravats laissés par le passage, dans la matinée, des bulldozers de la commune. « Voyez de l'autre côté, nous avons érigé, à nos propres frais, un terre-plein pour endiguer les eaux de pluie qui déferlent des hauteurs du quartier. Les agents communaux n'ont rien voulu savoir. Ils se sont entêtés à répéter qu'ils ont une tâche à accomplir et c'est tout », ajoute-t-il, en nous montrant une allée bétonnée, démantibulée par les mêmes engins. Les citoyens sceptiques La célérité nouvelle avec laquelle opèrent les services concernés ne se manifeste actuellement que sur le volet destruction ; les monceaux composites de gravats s'ajoutent aux dépotoirs d'ordures pour enlaidir davantage les coins du quartier, en ce début d'été. Ce qui n'est pas pour arranger les choses dans cette cité des hauteurs de la ville ni pour rassurer les habitants quant à la suite des événements. « Au moment où le centre-ville respire et reprend des couleurs grâce aux travaux d'embellissement on amorce la saison estivale à Sidi Ahmed dans un décor de chantier et rien ne dit malheureusement, que la promesses de réaménager les lieux sera tenue par les autorités », nous dira un habitant. Et un autre du quartier nous montre des bouches d'égout dangereusement béantes, en soutenant que c'est là le legs du travail bâclé d'une entreprise, justement engagée dans l'élan du même plan de réhabilitation du cadre urbain. Contacté, le président de l'APC, tout en soutenant que l'autorité communale n'est qu'un segment dans l'opération que pilote la wilaya, maintient que des espaces verts, répondant plus aux règles, seront aménagés dans le quartier comme partout ailleurs. Concernant l'abattage des arbres, M. Chabati risque une justification selon laquelle les arbres fruitiers, étant souvent source de litiges entre riverains, le choix de l'autorité s'est porté sur leur arrachage. Enfin au sujet du gros morceau que constitue le parc d'attractions de la ville, ayant vu jusqu'ici des particuliers « intouchables », selon la rumeur publique, engager des extensions, le premier responsable de la commune confirme que le traitement qui a été réservé à tous les contrevenants des autres sites sera là aussi appliqué dans les jours qui viennent.