Les débats étaient basés sur les résultats d'une enquête minutieuse menée durant la deuxième moitié de l'année 2003 par un bureau d'études spécialisé (Cneru). Celle-ci fait malheureusement ressortir que l'état de pollution du littoral de la wilaya est alarmant, catastrophique. L'étude clame en effet que la quasi totalité des rejets vont directement à la mer par les oueds et a recensé pas moins de 55 points de rejet, sans considérer ceux des chalets et des constructions illicites, polluant le littoral. Les statistiques de 2003 donnent, selon la même enquête, 13 560 m3/j de rejets liquides et 4576 kg/j déversés dans la nature, dont une bonne partie, des effluents surtout, va directement dans la grande bleue. L'enquête a également révélé des cas de construction sur le littoral où l'occupation des lieux s'étend parfois jusqu'au rivage. De la commune d'Afir à l'extrême-est du département jusqu'à Boudouaou El Bahri à l'ouest, le littoral est soumis à des agressions permanentes et multiformes. Aux Salines, dans la région de Dellys, les citoyens n'ont eu de cesse de se plaindre de «décharges publiques à un jet de pierre du bord de la mer». A Dellys toujours, au lieudit El Kaous, les amoureux de la grande bleue se plaignent d'objets, hytéroclites jetés dans la mer ou au bord de l'eau, dont des débris de constructions démolies. Chose que nous avons constatée aussi à Cap Djinet. Le simple citoyen observe à ses dépens qu'il fréquente des plages jonchées d'ordures de toute sorte et où finissent des oueds chargés d'eaux usées. La pollution hydrique urbaine de la wilaya de Boumerdès est évaluée à 2639 m3/jour. Laquelle provoque une importante pollution marine. Les responsables ainsi que des membres de l'exécutif de la wilaya, dont le directeur de l'hydraulique qui est chargé de l'assainissement, ont jugé utile d'apporter des précisions aux résultats de ladite enquête. Celui-ci recommandera en effet d'actualiser les chiffres avancés «car d'importants projets entrant dans la stratégie nationale pour la protection et la valorisation du littoral ont été réalisés depuis 2003». Parmi ces réalisations, on citera les stations d'épuration de Zemmouri, Boumerdès et Thénia et tout le réseau de relevage qui les accompagne. Aussi ne jette-t-on «plus aujourd'hui les eaux usées de Corso, Boumerdès, Tidjelabine, Zemmouri et Thenia dans la mer, mais elles passent par des filtres». On a aussi parlé du projet d'un collecteur et d'une autre station pour toute la région de Boudouaou en cours de réalisation. Les intervenants ont surtout mis l'accent sur la pollution en aval des oueds qui, forcément, finit dans la mer. Sur tout le territoire de la wilaya que parcourent les oueds Issers et Sebaou, par exemple, ne se trouve aucune station. Par voie de conséquence, la mer s'en trouve considérablement menacée. Un représentant d'une association activant dans la wilaya a de ce fait recommandé qu'on assainisse véritablement tous les oueds du département qui sont devenus l'exutoire de toute forme de pollution. Outre la pollution hydrique urbaine, les débats ont porté sur la pollution industrielle et celle que pourraient engendrer d'éventuels accidents industriels. Dans ce chapitre, l'étude du Cneru a recommandé des fosses de neutralisation pour la pollution hydrique et des systèmes de dépollution pour la pollution atmosphérique, prenant pour illustration le cas de la CTE de Cap Djinet. Les échanges d'informations et de points de vue se sont étendus à l'environnement d'une manière générale touchant notamment aux forêts, aux zones humides et aux déchets solides dans des zones en dehors du littoral. Et les présents ont convenu de collecter le maximum d'information qu'ils soumettraient à la direction de l'environnement qui les mettra à la disposition des parties chargées d'étude et de lutte contre la pollution. Dans son ensemble, le canevas du futur plan d'action est axé sur l'élaboration de schémas directeur d'assainissement dans les quatre coins du département. Mais lorsqu'on sait que rares étaient les P/APC et autres élus présents à la rencontre, on mesure toute l'ampleur de la «démission» des autorités de ce chantier.