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Création de nouvelles richesses et des emplois
Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2006

Pour cette relance industrielle, le néolibéralisme offre-t-il une solution ? Faut-il attendre de l'extérieur, capitaux, technologie et marchés ou mobiliser
nos propres ressources dans un projet de développement industriel ?
1- L'impératif industriel
Si le recul de l'industrie est sensible dans tous les pays du sud de la Méditerranée, au fait de l'ouverture commerciale de cette dernière décennie il atteint chez nous un seuil critique 16% du PIB en 1983, 6% en 2005, pour 19,6% en Egypte, 17,3% au Maroc et 17,4% en Tunisie. En outre, à la différence de ces pays, qui disposent de ressources d'exportation substantielles, avec le tourisme (2, 3, 4 milliards de dollars pour la Tunisie, le Maroc, l'Egypte), les envois de fonds des travailleurs expatriés, comme source d'épargne intérieure, les exportations agricoles et les produits de la pêche, de produits manufacturés, l'Algérie s'est exclusivement vouée à l'exportation d'hydrocarbures. En outre, l'économie de l'Algérie est affectée par un handicap important, celui de l'agriculture. Faut-il rappeler que nous importons pour 3 millions de dollars de nourriture, plus quelque 500 millions de dollars d'inputs agricoles, semences et plants, équipements agricoles… pour produire ce que nous produisons. D'ici 2010 et compte tenu de la hausse des prix mondiaux prévue, de la croissance démographique, il faudra trouver de 5 à 6 milliards de dollars pour payer nos importations de nourriture.
L'agriculture n'est pas davantage une source d'emploi en mesure de réduire la forte pression sur le marché du travail.
La population comptée comme agricole a doublé depuis les années 1960 et le nombre d'exploitations agricoles est passé de 630.000 en 1960 à 1.023.000 au recensement de 2001. La superficie exploitée par actif est ainsi tombée de 6 ha à 3 ha et la superficie moyenne par exploitation de 11,9 ha à 8,26 ha. Les bras sont donc en surnombre dan l'agriculture, et il faudrait reclasser en dehors de l'agriculture la moitié au moins de la main-d'œuvre existante. L'agriculture doit en outre affronter d'autres difficultés qui tirent sa productivité vers le bas, érosion des terres, emprise urbaine sur les terres agricoles, réduction des volumes d'eau disponibles pour l'irrigation… et à plus long terme, des modifications climatiques. L'idée que nous pouvons exporter des produits agricoles en quantité tels qu'elle pourrait équilibrer nos importations alimentaires est totalement saugrenue. La balance agricole alimentaire de l'Algérie est déficitaire depuis les années 1960, alors que nous ne comptions que 9 millions d'habitants. Le Maroc qui a opté pour une stratégie agroexportatrice dès les années 1950, avec à l'appui une politique des grands barrages pour l'irrigation agricole, ne couvre aujourd'hui par ses exportations agricoles (produits de la pêche exclus) que la moitié environ de ses importations alimentaires. Personne, non plus chez nous, ne pense sérieusement que le tourisme, l'artisanat, la pêche ou les envois de salaires des émigrés peuvent apporter une contribution significative à la résolution hors hydrocarbures du problème des paiements extérieurs et de l'emploi. Enfin, il faut appeler que nous devons faire face à une demande d'emploi sans précédent en croissance de 4% par an et davantage avec l'entrée massive des jeunes femmes sur le marché du travail. Ou trouver, ailleurs que dans l'industrie, la création de richesses nécessaires au maintien et à l'amélioration du niveau de vie des populations, l'offre d'emplois pour les générations à venir, les moyens de pérenniser l'Etat et la société ?
2- Le néolibéralisme comme solution
L'ouverture commerciale, l'appel au capital étranger, sont-ils la solution à l'industrialisation ? Devons-nous attendre notre salut de l'adhésion/soumission aux règles de l'OMC ? L'orientation des politiques néolibérales privilégie l'essor des mouvements de capitaux. Les IDE doivent tout à la fois apporter financement, technologie et accès aux marchés globalisés. De ce fait, il ne reste plus qu'à créer les conditions d'attractivité pour attirer les capitaux et réaliser l'intégration de l'économie à l'international.
Pour autant les capitaux étrangers ne se bousculent pas dans la région. Un rapport de la CNUCED (ONU) note que les IDE en Afrique du Nord arrivent derrière les envois de fonds des travailleurs expatriés. Pour la période 1995-2003 le total des IDE pour l'Algérie a été de 4871 millions de dollars, 4387 pour la Tunisie et 9626 millions de dollars pour le Maroc. La part du Maghreb dans les IDE mondiaux qui était de 0,04% (1990-1995) a été divisée par deux durant la période (1995-2003) à 0,02%.
L'aspect quantitatif n'est pas le seul trait remarquable de l'investissement direct étranger qui doit retenir l'attention. Les IDE interviennent sous forme de fusions-acquisitions ou d'investissements de création de capacités nouvelles. La tendance d'évolution de la structure de l'investissement est en faveur de la fusion acquisition au détriment de la création des nouvelles capacités de production. En d'autres termes, la tendance est en faveur du contrôle d'actifs se substituant aux entreprises locales pour satisfaire le marché domestique. Les exemples sont nombreux chez nous avec Henkel, la téléphonie mobile, la distribution, l'ouverture du capital d'Algérie Télécom, de plus en plus vers les services, banques, assurances… On peut ainsi imaginer privatiser et confier aux sociétés étrangères l'eau, l'électricité, la gestion des ports et aéroports, les autoroutes, les banques, les assurances, les télécommunications, les transports, la grande distribution, certains établissements d'enseignement supérieur… . Nul doute que la gestion de toutes ces activités par les filiales des sociétés étrangères serait plus efficace que celle des entreprises locales, publiques ou privées. Tout cela est possible et d'aucuns l'envisagent (Hassi Messaoud peut payer !) Mais (il y a un mais) tout cela coûte cher, pourrons-nous le payer ? Le rapport de l'ONU «Repenser le rôle de l'investissement étranger direct» (2005) nous met en garde. Il y a des avantage et des coûts. «Les entrées de capitaux peuvent procurer des avantages, mais l'ampleur des sorties ultérieures de bénéfices dégagés par l'investissement peut être telle que le coût des IDE peut s'avérer considérable.» Les profits exportés peuvent à terme menacer l'équilibre des comptes extérieurs. Pour la Tunisie, par exemple, le stock d'IDE pour la période 1995-2003 a été de 4387 millions de dollars et les profits rapatriés de 3516 millions de dollars. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie dans une déclaration rapportée par la presse, les associés de Sonatrach ont rapatrié quelque 4,74 milliards de dollars en 2005, contre 3,12 milliards de dollars en 2005 et 2,2 milliards de dollars en 2002. Les profits rapatriés par les entreprises américaines ont atteint 350 milliards de dollars en 2005, en tête Pfizer avec 36,9 millions de dollars, Fefdico 7,5, Coca Cola 6,5… Dans bien des pays et des régions l'ampleur des transferts de profits dépasse l'entrée des capitaux. L'IDE a remplacé la dette.
Dans son rapport, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) attire l'attention des pays africains sur la nécessité préalable de sélectionner les IDE qu'ils souhaitent recevoir, d'en mesurer les effets attendus, de déterminer les critères de choix de ces investissements. Le capital étranger doit être encadré, dirigé pour être utile au développement du pays. L'OMC tend toutefois à imposer des règles supranationales qui limitent l'autonomie des Etats.
3- Construire une politique industrielle
La politique néolibérale est fondée sur l'idée que le développement industriel des pays du Sud est dépendant des flux d'investissements étrangers, des transferts de technologie et de l'accès aux marchés. Cette affirmation sert à légitimer, justifier la prise de possession d'actifs ou de ressources naturelles, le nouveau colonialisme en quelque sorte. Il est clair que l'Algérie n'a pas besoin de capitaux extérieurs. Les réserves de change (60 mds de dollars) les excédents de la balance des paiements courants (5% du PIB) la surliquidité des banques, renseignent suffisamment sur les capacités internes et externes de financement de l'investissement.
La demande des ménages en biens manufacturés courants peut être totalement satisfaite par la production locale. Il s'agit de biens qui n'exigent pas de transferts technologiques particuliers ni de compétences techniques hors de portée. Ces industries sont classées dans la nomenclature des types d'industries de l'OCDE dans la catégorie des industries de faible technologie (FT), dans une échelle qui comporte 4 niveaux technologiques. Les industries de faible technologie concernent «les produits alimentaires (50% des dépenses des ménages), les boissons, tabacs, textiles, articles d'habillement, cuirs, chaussures, bois et articles en bois, liège, électroménagers, papier, articles en papier, imprimerie édition… Nous pouvons ainsi pour de nombreuses branches industrielles choisir des productions cibles pour substituer la production intérieure aux importations, en tenant compte de favoriser les échanges interindustriels.
Toutes ces industries peuvent fonctionner avec un encadrement technique moyen, de type bac + 2 (technicien supérieur), étant entendu que les machines sont importées et utilisent des techniques largement banalisées. Mais il est clair également que nous avons la capacité technique d'aller au-delà des industries de faible technologie, et au besoin, la possibilité de recruter des ingénieurs et experts à l'étranger pour installer des industries plus complexes technologiquement.
On peut encore soutenir le schéma industriel (voire le poursuivre lorsque c'est encore possible) des années 1970 qui organisait le développement industriel en 3 sous-ensembles.
1- Les industries d'exploitation nécessaires à la substitution progressive des recettes d'hydrocarbures
2- Les industries d'intégration (semis-produits et biens d'équipement)
3- Les industries de consommation (textiles, cuirs, produits alimentaires, électroménager), industries destinées à la satisfaction de la consommation intérieure de masse.
Par ailleurs, nos importations devraient trouver une contrepartie, par une production locale, avec nos plus gros fournisseurs. Renault par exemple, qui exporte des véhicules en Algérie, pourrait participer au développement des industries mécaniques en partenariat avec les PME locales. La même chose pourrait être demandée aux firmes pharmaceutiques, aux opérateurs de téléphonie…
Il ne faut cependant pas se dissimuler le danger que les règles supranationales que tente de mettre en place l'OMC et qui sont totalement passées sous silence chez nous et qui réduisent nos capacités à conduire notre développement.
Ces règles conduisent à une perte d'autonomie en matière de choix de politique économique. Elles cherchent à supprimer la régulation nationale au profit des transnationales, à favoriser la concurrence entre des pays qui ont atteint des niveaux de développement différents. Ainsi de l'accord AGCS, accord général sur le commerce des services, les banques, les assurances, les marchés publics… et les investissements étrangers liés aux services… qui retire aux PVD le pouvoir de sélectionner les IDE qu'ils souhaitent recevoir accords au capital étranger les mêmes conditions qu'au capital domestique (principe de non-discrimination).
La non-signature des accords de l'OMC permet cependant actuellement de prendre toutes les mesures nécessaires pour définir et mettre en œuvre le programme de développement industriel.
Le développement industriel n'est cependant pas qu'une question de capitaux, de technologie ou de marché. Il met en œuvre la volonté de forces politiques et sociales favorables à l'industrialisation.
La bourgeoisie émergente européenne au XVIIIe siècle, comme le signale le sociologue Max Weber, a fait la révolution contre l'aristocratie féodale qu'elle accusait de consommer tout le surplus économique disponible en fêtes, châteaux et chasses à cour. Nous avons aussi le choix entre, distribuer la rente pétrolière en pouvoir d'achat, grossir les fortunes de quelques-uns, ou investir pour créer de nouvelles richesses et de l'emploi.
L'Algérie vivra-t-elle au-delà de l'épuisement de ses ressources d'hydrocarbures ? Les Algériens sont désormais de plus en plus nombreux à se poser la question.


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