«Cela constituera une atteinte aux acquis démocratiques du peuple algérien», a noté le responsable de la LADH, dans un communiqué transmis à notre rédaction. Une telle décision pourrait, selon l'avocat, «renvoyer l'Algérie à la situation antérieure à la Constitution du 23 février 1989». Le document de la ligue s'apparente à un mémorandum en ce sens où il contient un exposé sommaire de la situation socio-polico-économique du pays. Faisant la lecture des propos tenus récemment par Amar Saâdani, dans les colonnes d'El Khabar, Me Ghechir, avec une argumentation subtile, a estimé que «le président de l'Assemblée a confirmé qu'en Algérie il y a un pouvoir occulte, les pouvoirs judiciaire et législatif ne sont pas indépendants, le champ audiovisuel est verrouillé, la situation sociale est inacceptable et l'économie nationale est en panne». Le rédacteur du communiqué assimile ces déclarations à un «aveu, d'autant plus que Saâdani est le troisième homme du pouvoir». Pour Ghechir, «cet aveu renseigne, à lui seul, que la crise est profondément enracinée». Le constat de Ghechir est amer, mais a-t-il au moins le mérite d'avoir mis le doigt là où il fallait. «L'Algérien, soutient-il, est en train de perdre chaque jour sa citoyenneté sociale à cause du chômage, de la pauvreté et de l'exclusion, et sa citoyenneté politique en raison de la fermeture du champ politique, le refus de la pluralité syndicale…». Plus loin, le président de la LADH soulève des questions de fond : «Que reste-t-il de la démocratie en Algérie du moment qu'elle est gouvernée par le seul pouvoir exécutif ? Que reste-t-il quand l'Algérien a perdu sa citoyenneté et qu'il vit toujours sous les effets de l'état d'urgence ?» Dans les démocraties qui se respectent, rappelle Me Ghechir, «le pouvoir s'exerce par des personnes bien identifiées constituant une autorité et puisant leur légitimité de la volonté populaire. La responsabilité et la transparence imposent aux dirigeants de rendre compte de leurs actions devant la population». Le militant des droits de l'homme est catégorique : «Il n'y a pas de démocratie dans un système politique ne reconnaissant pas la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice et la liberté de la presse». Pour faire face à cette situation, Boudjema Ghechir a invité «la classe politique à œuvrer pour passer d'un Etat système à un Etat moderne, doté d'institutions crédibles permettant à l'Etat de jouer pleinement son rôle». Il a également appelé «le gouvernement à agir pour la relance de l'économie, la concrétisation de la décentralisation dans la gestion administrative, la réduction des inégalités, la reconnaissance de la diversité culturelle, la consécration d'une réelle égalité entre l'homme et la femme et la suppression de la loi sur l'état d'urgence».